Vendredi 19 novembre 2004

33ème semaine du TO

Séminaire Saint Joseph de Bordeaux

 

 

« Le peuple tout entier était suspendu à ses lèvres »

 

Chers frères, voilà ce qui pourrait être le rêve de tout prédicateur… et pourtant…

 

Si L’évangéliste insiste ici sur l’unité du peuple à écouter Jésus, il met aussi en relief le fait que prêtres, scribes et notables se sont mis à part du peuple car eux n’écoutent pas Jésus.

 

Le peuple est suspendu à ses lèvres pour une Parole de Vie.

Les « chefs » du peuple veulent le faire mourir. Ils sont venus l’entendre mais ils ne l’écoutent pas. Ils viennent surprendre une parole ou un geste pour le faire mourir :

Quand on veut condamner quelqu’un ou quand on s'attend (consciemment ou non) à ce qu’il dise un blasphème, une hérésie, une erreur, alors on finit toujours par l 'entendre, fusse dans la bouche d’un prédicateur chevronné ou dans celle d’un directeur de séminaire. D’une phrase tirée d’un contexte on peut faire n’importe quoi.

 

Or, si ici l’intention des « chefs » est clairement exprimée pour nous (en analyse narrative on parlerait de focalisation interne car révélant les intentions), parfois, nos propres intentions  nous échappent lorsque nous écoutons qq’un : sans que nous nous en rendions compte, nous écoutons parfois pour condamner.

Il est alors important, lorsque nous entendons une horreur, une hérésie immonde dans la bouche d’un frère, avant que de le condamner, de remettre en cause notre propre écoute.

 

On ne peut entendre avec des oreilles bouchées.

On ne peut voir avec des yeux fermés.

Les deux sens, ouie et vue, sont liés tel Jean qui voit une voix, qui entend dans une vision, dans la 1ère lecture.

Il est intéressant que Luc  dans son évangile est mis dans le même élan littéraire l’expulsion des marchants et l’obscurcissement des « chefs » : les uns et les autres sont dans une « caverne », un lieu sans lumière, un lieu duquel la vérité extérieure n’est vu que sous forme d’ombre, déformée… C’est la version lucanienne du mythe de la caverne.

Jésus expulsera les marchants de la caverne et finalement par sa mort et sa descente aux enfers et sa Résurrection, ira chercher tous les hommes pour les conduire à la lumière.

 

« La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise » Jn 1.5 (TOB) 

Les marchants sont sans doute retournés dans le Temple et les « chefs » n’ont pas reconnus la lumière du Ressuscité.

 

Frères, nous sommes les Fils de la lumière. Ne soyons pas des hommes des cavernes, sortons de nos tombeaux. Vivons en enfants de lumière.

Ne prêtons pas l’oreille de nos cœurs à l’obscurité. Sachons reconnaître le lumière dans nos frères.

AMEN

 

 

Textes du jour :

Ap 10,8-11

Ps 118

Lc 19.45-48