Dimanche 11 septembre 2005

24ème dimanche du TO

 

 

« Notre Père qui est aux cieux… pardonne-nous nos offenses COMME nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé »

 

COMME. On a l’impression que c’est ici du donnant-donnant. Que si nous pardonnons aux autres c’est pour être pardonné nous m^me, que c’est par peur d’être condamner nous-même, par peur de la mort, peur de l’enfer « Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements » dit la 1ère lecture.

Le moteur du pardon semble être la peur et non pas l’amour et ce même ici dans l’Evangile dans la bouche de Jésus « C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

 

Certains d’ailleurs n’arrivent pas à dire cette phrase du Notre Père et voudraient en supprimer le 2nd membre et dire « pardonne-nous nos offenses et délivre nous du mal AMEN »

 

En fait, il ne s’agit pas ici d’une simple justice distributive du donnant-donnant.

Celui qui ne pardonne pas à son frère ne peut pas prétendre l’aimer _ je signale en passant que pardonner 140 fois ne veut pas dire être naïf : le pardon efface la condamnation mais pas la faute ; et ce n’est pas parce qu’on pardonne à un voleur qu’on lui confie les clefs du coffre, ce serait même peut-être un péché que de la faire car ce serait pousser à revoler_

 

Mais Dieu qui est Amour saurait aussi nous pardonner jusqu’à nos manques d’amour.

 

Le problème si je ne sais pas pardonner les fautes de mes frères, c’est que je suis un homme moi-aussi, pécheur moi-aussi comme les autres. Ainsi, si je ne sais pas pardonner aux autres, consciemment ou non, (souvent inconsciemment car on se trouve généralement de bonnes excuses et on essaie de s’en convaincre) on n’arrive pas à se pardonner vraiment à soi-même. (il est même parfois plus difficile de se pardonner à soi-même qu’aux autres).

 

Or, le refus de notre condition de pécheur, s’il nous empêche de nous pardonner nous empêche aussi d’accepter le pardon des autres et celui de Dieu : et Dieu ne nous impose pas son Pardon, L’amour ne s’impose pas.

 

«  Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s'obstine » nous dit Ben Sirac Le Sage.

 

Apprends nous Seigneur à reconnaître notre péché, à ne pas nous obstiner à le nier et à accepter de pardonner et d’être pardonné.

AMEN

 

 

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 Lecture du livre de Ben Sirac le Sage (27, 30-28, 7)

 

 Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s'obstine. L'homme qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur, celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu'il t'a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S'il n'a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l'alliance du Très-Haut et oublie l'erreur de ton prochain.

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (18, 21-35)

 

 Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : " Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? jusqu'à sept fois ? " Jésus lui répondit : " Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois.

 En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents, (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.' Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : 'Rembourse ta dette !' Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai.' Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé. Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : 'Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même, j'avais pitié de toi ?' Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût tout remboursé. C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. "