18 septembre 2005 : église Saint-Paul

25ème dimanche TO

 

Le verset de l’Evangile selon Matthieu qui précède la parabole dite des Ouvriers de la dernière heure est aussi +/- le même que celui qui la termine :

« beaucoup de premier seront derniers et beaucoup de derniers premiers »

La parabole est ainsi donnée en commentaire de l’épisode précédent dit « du jeune homme riche ».

 

Dans la Bible et toute la tradition juive, la richesse (en or ou en enfants) est le signe de la bénédiction de Dieu.

La richesse est une bénédiction de Dieu. Les protestants, plus proches que nous peut-être de la lettre de AT le vivent d’ailleurs ainsi alors que nous-mêmes, catholique avons souvent honte de notre propre réussite économique…

 

En fait, la richesse en elle-même peut-être une bénédiction ou ne malédiction. « on ne peut pas servir à la fois Dieu et l’argent » dit Jésus mais il n’y a aucun mal à se servir de l’argent pour servir Dieu. Votre offrande de chaque dimanche et le Denier de l’Eglise en sont la preuve.

 

Le jeune homme riche aurait voulu servir Dieu mais ses richesses l’ont retenu : ce sont elles qui le possédaient et non l’inverse.

Le maître de la vigne de la parabole d’aujourd’hui est plus libre par rapport à ses biens. Il les met au service des autres. Non par « pitié » mais par « justice ». Et la justice ce n’est pas tant de donner le même salaire horaire à tous que de donner à chacun de quoi manger et vivre.

Cela se traduit dans la parabole et pour l’époque par 1 denier pour chacun quelque soit le nombre d’heures travaillées.

Aujourd’hui, dans la morale sociale de l’Eglise, cela se traduirait au contraire par un salaire différent pour un même nombre d’heures travaillées, selon les besoins. Chacun ayant droit à un juste salaire i.e. lui permettant de vivre lui et sa famille : celui qui a une famille nombreuse devant gagner plus que la célibataire.

1 salaire devrait suffire à faire vivre 1 famille sans en nécessiter 2 : cela pour le bien de la famille !

« on doit payer à l’ouvrier un salaire qui li permette de pourvoir à sa subsistance et à celle des siens.[.] C’est donc par un abus néfaste et qu’il faut à tout prix faire disparaître, que des mères de famille, à cause de la médiocrité du salaire paternel, sont conttaintes de chercher hors de la maison une occupation rémunératrice, négligeant les devoirs tout particuliers qui leur incombent avant tout : l’éducation des enfants » Pie XI in Qradragesimo Anno en 1931.

« la rémunération du travail doit assurer à l’homme des ressources qui lui permettent, à lui et à sa famille, une vie digne sur le plan matériel, social, culturel et spirituel . » Concile Vatican II in Gaudium et Spes en 1965

Mis à part la question d’avoir un seul salaire par foyer –question tabou en France qu’il soit pour l’homme ou la femme,

Si on y réfléchit bien et malgré l’adage « à travail égal salaire égal », c’est cette idéal évangélique que nous essayons de vivre dans notre France laïque via les impôts sur le revenu et la redistribution qui s’en suit dans les diverses allocations et prestations familiales…

 

Certes je suis mal placé pour vous inviter à regarder les impôts comme une bonne chose car je n’en paie plus. Mais il y a quelque chose d’évangélique qui se vit grâce à eux.

 

Ne souhaitons donc pas tant à ce que les impôts baissent (ce qui serait quand même bien) qu’à ce qu’ils soient bien utilisés.

AMEN

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 Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (20, 1-16a)

 

 Jésus disait cette parabole : " Le Royaume des cieux est comparable au maître d'un domaine qui sortit au petit jour afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d'accord avec eux sur un salaire d'une pièce d'argent pour la journée et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d'autres qui étaient là, sur la place, sans travail. Il leur dit : 'Allez, vous aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.' Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d'autres qui étaient là et leur dit : 'Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?' Ils lui répondirent : 'Parce que personne ne nous a embauchés.' Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne.' Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : 'Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.' Ceux qui n'avaient commencé qu'à cinq heures s'avancèrent et reçurent chacun une pièce d'argent. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d'argent. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : 'Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !' Mais le maître répondit à l'un d'entre eux : 'Mon ami, je ne te fais aucun tort. N'as-tu pas été d'accord avec moi pour une pièce d'argent ? Prends ce qui te revient et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi : n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ?' Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. "