dimanche 4 juin 2006

Pentecôte

Nous fêtons aujourd’hui Pentecôte, le don que Dieu nous fait de son Esprit Saint.

Les dons de l’Esprit sont variés. Celui qui s’exprime en ce jour de Pentecôte, outre celui de force qui donne aux apôtres jadis timorés de sortir proclamer la résurrection de Jésus sur la place publique, ce don étonnant est celui du don des langues.

L’esprit se partage sur chacun d’eux tel une langue de feu et donne à chacun de parler en langues.

Que c’est-il passé ?

-         est-ce que chacun parle normalement et que tous l’entendent comme dans leur langue maternelle ? cela ressemblerait plus à un don d’écoute.

-         Est-ce que les disciples bien qu’incultes sont rendus capables de parler successivement toutes les langues ? en langage non barbare on parle d’hétéroglossie. C’est ce que semble dire le texte.

-         Est-ce que les disciples paraissent s’exprimer dans une langue inconnue et mystérieuse ? la glossolalie. Telle que décrite avec méfiance par Paul et redécouverte il y a quelques années dans les groupes charismatique. Oui, probablement, si on prend le verset suivant du texte biblique, où l’on voit que les témoins pensent que les disciples sont pris de vin doux. 

 

Mais, l’auteur et le liturge préfèrent insister sur la capacité à parler ou à être compris dans toutes les langues.

L’universalité du langage manifeste l’universalité du salut en Christ et la capacité de l’évangile d’être compris, reçu, adapté à tous les peuples de la terre, enfin réconciliés et réunis sous un même chef, le Christ Jésus.

En cela, Pentecôte est à juste titre décrite comme l’anti-babel.

Souvenez-vous ce récit légendaire : tous issus d’Adam et Eve, les hommes parlaient tous la même langue ; puis, de même qu’adam et Eve avaient voulu devenir comme des dieux en se saisissant du fruit de l’arbre de la connaissance, les hommes, ne rencontrant aucune limite à leur capacité d’agir voulurent rejoindre Dieu par leur propre force en construisant ensemble une tour s’élevant jusque aux cieux. Ils voulaient devenir comme des dieux par leur propre force

Alors Dieu aurait mis la confusion dans les bouches, créé la diversité des langues et ayant empêché ainsi les hommes de se tous comprendre mis un terme au projet de construction de la tour. Bab signifie à la fois bouche et porte : la confusion des bouches ferme la porte du ciel.

Maintenant, c’est l’inverse. La porte du ciel est ré-ouverte par Dieu et c’est lui qui nous donne le don des langues. A l’ascension, Jésus s’élève vers le ciel il rouvre la porte du ciel, il devient la tour reliant le ciel et la terre. L’humain rejoint le divin, le divin rejoint l’homme, dieu rejoint dieu. Jésus nous ouvre le chemin de la divinisation, non plus dans une démarche de rivalité avec Dieu mais comme un don reçu de Dieu. Nous n’avons spas à monter péniblement les marches d’une quelconque tour menant au ciel, nous n’avons qu’à nous laisser porter par l’ascenseur inauguré par le christ dont nous parle si bien la Petite Thérèse.

Le ciel et la terre sont reliés par Dieu. Dieu nous donne de n’être plus qu’un avec lui et de n’être plus qu’un ensemble : il nous donne son Esprit qui nous donne d’être un avec lui, il nous donne de ne parler plus qu’une seule langue et de n’être ainsi symboliquement plus qu’un ensemble.

Dieu veut depuis toujours nous donner de partager sa gloire mais c’est un don gratuit.

L’homme cherche toujours à s’emparer de force ou au mérite de ce que Dieu veut lui donner gratuitement.

Dieu nous donne son Esprit, sachons le recevoir. Dieu nous comble des dons de l’Esprit, sachons nous y abandonner : il nous donne ce qui est bon pour nous.

Ne cherchons pas  forcer les dons de l’esprit : ne transformons pas le don en dû. Nous n’avons droit à rien. Tout n’est que grâce. Alors rendons grâce à Dieu.

AMEN