Dimanche 17 septembre 2006

24ème dim TO B

 

"Passe derrière moi Satan"

 

« passe derrière moi, Satan ! tes pensées ne sont celles de Dieu, mais celles des hommes ».

 

A n’entendre que cette phrase de Jésus, on pourrait conclure que les pensées des hommes sont par nature satanique, que ce qui est humain est forcément diabolique, qu’il nous faut donc mourir à tout ce qui est humain en nous pour faire la volonté de Dieu.

 

C’est à la fois vrai et faux.

 

Il est vrai que tout homme depuis sa conception porte en lui le germe du refus de Dieu, le goût de prendre sa place, de désir diabolique d’être à soi-même son propre Dieu. C’est ce que l’on appelle en langage théologique les traces en nous du péché originel.

Au-delà du récit mythique sur le jardin en Eden, depuis que l’homme est homme c’est à dire un être capax dei, capable de Dieu, capable de croire en Dieu, depuis lors donc, l’homme a refusé sa condition de créature, a refusé de ne pas être sa propre origine et sa fin, a refusé Dieu. C’est ce refus de Dieu que nous portons tous en nous dès notre conception et que l’on appelle la conséquence individuelle du péché originel.

 

Cependant, il serait faux de dire que les pensées de l‘homme sont par nature satanique. Le péché originel n’est pas en nous naturel mais surnaturel en ce sens qu’il est surajouté à notre nature, posé sur elle.

Notre nature n’est pas satanique, notre nature est divine : nous sommes par nature de race de Dieu, par nature créés à son image et sa ressemblance. Le péché ne fait que voiler cette ressemblance naturelle avec Dieu, connaturelle à Dieu.

 

Or, le voile peut être levé.

Et ce voile a été enlevé en nous par notre baptême, il a été définitivement retiré comme un vieux vêtement : nous avons revêtu le Christ.

 

Canon  5, du décret sur le péché originel au Concile de Trente le 17 juin 1546 :

 Si quelqu'un nie que, par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ conférée au baptême, la culpabilité du péché originel soit remise, ou même s'il affirme que tout ce qui a vraiment et proprement caractère de péché n'est pas totalement enlevé, mais est seulement rasé ou non imputé : qu'il soit anathème.

En effet en ceux qui sont nés de nouveau rien n'est objet de la haine de Dieu, car "il n'y a pas de condamnation" (Rm 8,1) pour ceux qui sont vraiment "ensevelis dans la mort avec le Christ par le baptême" (Rm 6,4), " qui ne marchent pas selon la chair" (Rm 8,1), mais qui dépouillant le vieil homme et revêtant l'homme nouveau, qui a été créé selon Dieu (Ep 4,22-24 Col 3,9 s.), sont devenus innocents, sans souillure, purs, irréprochables et fils aimés de Dieu, "héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ (Rm 8,17), en sorte que rien ne fasse obstacle à leur entrée au ciel.

 

Par le baptême, nous avons été rendus purs et immaculés.

Plus rien ne fait obstacle en nous à la grâce de Dieu. Nous pouvons être non seulement des saints mais être parfaits. Hb 10,14 « par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie.”

Il nous a rendu parfaits par le don de sa vie sur la croix et sa résurrection. Et c’est par le baptême que nous y sommes associés :

Rm 6

« ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ?

[4] Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle.

[5] Car si c'est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable ;

[6] comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l'impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d'être asservis au péché. »

 

 

Par le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché.

Marie, par une grâce spéciale venant déjà de la mot et de la résurrection de son Fils, a connu elle aussi cet état de sainteté qui est le nôtre à notre baptême.

 

Pierre, lorsque Jésus le traite de Satan, n’est ni immaculé de conception, ni encore rendu immaculé par le baptême : le péché recouvre encore d’un voile sa nature humaine et sa ressemblance d’avec Dieu.

« passe derrière moi, Satan ! tes pensées ne sont celles de Dieu, mais celles des hommes ».

 

 

Au baptême, ce voile a été levé définitivement pour nous : ne cherchons donc pas dans les erreurs et les reniements de Pierre une excuse à nos propres faiblesses. Sachons accueillir en nous jour après jour, la grâce divine nécessaire pour résister à la contamination de mal ambiant et à ‘œuvre dans notre monde.

Et ne nous privons pas des moyens efficaces que Dieu nous a donner pour nous donner sa grâce : les sacrements de l’Eglise, en particulier la confirmation et le sacrement de la réconciliation.

 

AMEN