Dimanche 5 novembre 2006
31ème TO B
Jésus Grand-Prêtre
Jésus, fils de Joseph aux
yeux du monde, est par lui descendant de David et membre de la tribu de Juda.
Jésus n’appartient donc pas à
la tribu de Lévi, mise à part par le Seigneur pour son service ; et encore
moins à la descendance d’Aaron (les cohen d’aujourd’hui ? ) chargée
de fournir les prêtres et surtout le Grand Prêtre. Jésus n’était ni Grand Prêtre ni simple prêtre, c’était un laïc ;
et comme tel, il n’a jamais offert de sacrifices et n’est jamais entré dans le
cœur du Temple qu’était le Saint des Saints.
Et pourtant, l’auteur de la
lettre dite aux Hébreux le désigne comme Grand Prêtre.
Qu’est-ce donc qu’un
prêtre ?
En
français, le terme « prêtre »
correspond à deux réalités que l’on
retrouve en parlant tantôt d’ordination presbytérale tantôt d’ordination
sacerdotale.
·
Prêtre, presbytre
( cf. le mot presbytie), signifie l‘ancien, le vieux.
C’est
à dire traditionnellement celui qui a la sagesse, la connaissance, celui qui
est de bon conseil et peut être un maître, un guide pour les plus jeunes. En
tant que qualité reçue par ordination, c’est une vieillesse devenue sans
rapport avec l’âge réel de l’ordinant :
1 Tm
4 [12] Que personne ne méprise ton jeune âge. [.] [14] Ne néglige pas le don spirituel qui est en
toi, qui t'a été conféré par une intervention prophétique accompagnée de
l'imposition des mains du collège des presbytres.
Jésus, bien que ne s’étant jamais désigné lui-même comme prêtre,
pourrait correspondre à cette vision du presbytérat. Mais ce n’est pas en ce
sens que la lettre aux Hébreux parle de Jésus comme Prêtre.
·
le sacerdoce
désigne ce qui est mis à part, séparé, sacré.
Le prêtre est ainsi
celui qui est mis à part pour le Seigneur et celui qui offre à Dieu ce qui est
mis à part pour lui, les sacrifices.
Tout homme est ici un
prêtre car tout homme a une place à part dans le cœur de Dieu et tout homme est
capable de lui offrir des sacrifices : cf les sacrifices de Caïn et
d’Abel.
En tant que baptisés,
nous sommes devenus Prêtre, Prophète et Roi, d’une manière nouvelle, à l’image
du Christ et avec le Christ. Lorsque nous prions, c’est Dieu qui prie à travers
nous ; lorsque nous offrons des sacrifices, c’est le Christ en nous qui
les offre au Père dans l’Esprit.
Saint Paul le dit à sa
façon aux Colossiens 1:
[24] En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et
je complète en ma chair ce qui manque
aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église.
Les sacrifices de Paul
deviennent participation à celui du Christ (ce que nous revivons spécialement
dans le sacrement de l‘onction des malades).
Histoire de la martyre
enceinte…
Le prêtre enfin, comme
ministre ordonné, est tellement configuré au Christ, qu’il peut réactualiser,
qu’il peut nous rendre contemporain de l’unique sacrifice du Christ manifesté
dans le don de l’eucharistie. L’eucharistie nous met en présence de Dieu et
fait venir son Royaume parmi nous.
Or, il ne peut y avoir
de plus grand désir pour l’homme sur terre que d’être ainsi mis en présence de
son Dieu. C’est pourquoi, l’eucharistie est au cœur de l’être de prêtre. Et,
comme le disait JP II dans Ecclesia de
Eucharistia, l’eucharistie
« est la raison d’être principale et centrale du sacrement du
sacerdoce ».
Dans l’eucharistie, le prêtre
dit « ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et
éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des
péchés ».
La mort du Christ est acceptée
par lui pour la rémission des péchés.
Or dans le judaïsme, à Yom
Kippur, le Grand Prêtre faisait un sacrifice pour le pardon de ses péchés et de
ceux du peuple.
Offrant sa vie pour le pardon
des péchés, Jésus est donc avec raison compris par l’auteur de la lettre aux
Hébreux comme notre Grand Prêtre. Mais n’ayant pas lui-même de péché entachant
son offrande, le sacrifice du Christ est alors parfait, irréprochable et n’a
plus besoin d’être renouvelé tous les ans : tel Jésus, « il demeure
éternellement », l’alliance nouvelle est éternelle.
AMEN