3ème dimanche carême C

11 mars 2007

 

De la Trinité.

 

Les religions révélées naissent d’un paradoxe à peine crédible : un Dieu infiniment grand qui s’abaisse jusqu’à parler à une de ses créatures !

 

Le défi de la foi est alors de sauvegarder la transcendance infinie de Dieu tout en le proclamant infiniment proche ; Dieu,  comme le confesse Augustin : « plus intérieur que tout secret; plus élevé que toute grandeur ».(Confessions n°1).

 

 

Le judaïsme ancien vivait cette ambivalence de manière encore imparfaite. Approchant de la vérité sans savoir encore comment la formuler puisque n’ayant pas encore intégré l’être trinitaire de Dieu.

 

Le christianisme, c’est la réponse de Dieu au paradoxe apparent de son immanente transcendance. Dieu est un et trine, il est trinitaire. A la fois infiniment grand, absolument abaissé et partout présent : Père, Fils et Saint Esprit.

Celui qui parle aux hommes, qui les rejoint dans l’histoire, c’est le Fils, le Verbe de Dieu. Les pères apostoliques, à la suite de Saint Paul, développeront à l’extrême l’interprétation christique de tout l’Ancien Testament : la traversée de la mer Rouge, c’est la préfiguration du baptême ; la manne, c’est celle de l’eucharistie ; quand au rocher accompagnant le peuple et lui donnant de l’eau, c’est le Christ, c’est le côté du Christ d’où jaillit l’eau vive ; de même bien sûr que c’est le Christ déjà qui parle à Moïse dans le buisson ce que revendique d’ailleurs Jésus dans l’Evangile selon St Jean, en se désignant plusieurs fois par l’expression « Je suis », « Egw eimi ».

La trinité, c’est l’explication divine d’un Dieu qui transcende sa propre transcendance.

 

Mais cet être trinitaire de Dieu dépasse tellement nos conceptions humaines de la divinité que le christianisme a été, et est traversé, par un grand nombre de fausses conceptions de la Trinité : subordinatianisme (3 dieux de degrés différents), modalisme (un seul Dieu se présentant sous trois visages distincts) etc.

Parmi ces hérésies, l’islam, comme réaction pieuse envers la transcendance de Dieu en apparence blasphémée dans l’idée même d’incarnation et envers l’unité de Dieu en apparence compromise dans la foi trinitaire, peine beaucoup, à mon avis, en particulier à exprimer la proximité de Dieu au delà de son authentique grandeur, au delà du ALLAH AKBAR.

 

 

 

 

Dans la Bible, le ressenti de la transcendance infinie de Dieu s’exprime souvent dans le vocabulaire de la crainte.

D’après mon dictionnaire Hachette, la crainte, c’est « un sentiment de trouble, d’inquiétude à l’idée d’un mal possible ou menaçant ».

Une telle définition n’a aucun sens rapportée à Dieu : aucun mal ne peut venir de Dieu !

         Selon le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, il s’agit plutôt d’une « attitude de révérence et de respect à l’égard de Dieu ». Maimonide expliquant que prenant conscience de la grandeur divine, l’homme sera effrayé et réalisera qu’il n’est « qu’une créature, petite, basse, obscure, confrontée dans son chétif savoir à « Celui dont parfaite est la science » (Jb36.4) ».

 

 Telle est bien l’attitude de Moïse à la vision du buisson ardent. Cette sainte révérence envers Dieu est à la fois reconnaissance de la grandeur de Dieu et négation de toute peur de Lui : elle est un acte de foi et c’est pourquoi Dieu l’exige de nous « Tu craindras le Seigneur, ton Dieu, tu le serviras » Dt 6.13.

 

 

 

         Que l’Esprit de Sagesse et de Science nous donne de savoir contempler avec un émerveillement toujours renouvelé le mystère de l’être trinitaire de Dieu.

Dieu, tellement grand ;

Dieu, tellement proche ;

Dieu, tellement aimable.

 

AMEN