5ème dimanche de Carême C

18 mars 2007

 

Le pardon

 

 

Nous venons d’entendre une belle parabole de Jésus sur le pardon.

 

Un fils qui prend sa part d’héritage du vivant de son père et part au loin le gaspiller. Souffrant de la faim, il décide de revenir vers son père comme un de ses ouvriers.

Le père, dès qu’il aperçoit son fils, court à sa rencontre, le remet dans sa dignité d’homme libre et organise une grande fête car il a retrouvé son fils.

Pendant ce temps, le frère aîné, serviable au possible depuis toujours, était aux champs. Apprenant que son père fait la fête à son frère qui l’avait abandonné, il se fâche.

 

Résumé partiel et partial évidemment.

 

Le fils cadet, après avoir tout perdu et expérimenté la faim, décide donc de revenir chez son père.

Et jamais il ne doute que son père saura l’accueillir, lui pardonner. Il connaît son père, il croit en lui. C’est parce qu’il croit en la miséricorde de son père qu’il est capable de reconnaître ses propres erreurs et d’oser venir les lui confier, sûr d’être écouté et pardonné.

 

Et bien, cette parabole est l’exacte analogie de ce que nous expérimentons avec Dieu. Ce qui est premier, c’est de croire en la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi, après cette homélie et avant de vivre le sacrement du pardon, nous allons commencer par professer notre foi, par dire que nous croyons en Dieu, en l’amour de Dieu.

Nous savons bien qu’il nous aime : il nous a donné la vie et tout le reste, il nous arrive de gaspiller les dons qu’il nous fait, mais cela ne diminue en rien son amour pour nous et quoi que nous ayons pu faire, quoi que nous puissions faire, Dieu nous a d’avance pardonné en Jésus Christ.

 

Le prêtre, dans le sacrement du pardon, ne fait que manifester un pardon qui est déjà donné.

Alors à quoi bon venir se confesser ?

D’abord, parce que si le pardon est donné, il faut venir le recevoir : il est « en poste restante », il n’est pas livré par huissier (les bonnes nouvelles le sont rarement).

 

Certes, pour accepter le pardon de Dieu, il suffit de pouvoir se présenter devant Lui avec contrition i.e. en reconnaissant son péché, en le regrettant, en voulant le réparer si possible, et en désirant se donner les moyens de ne plus y tomber.

 

C’est ce que formulent les traditionnels actes de contrition :

« Mon Dieu, tu es infiniment bon et je regrette de t’avoir offensé en péchant contre Toi, contre mes frères ou contre moi... Je prends la ferme résolution, avec le secours de ta grâce, de ne plus t’offenser et de faire pénitence »

 

 

Si nous avons une contrition parfaite, nous avons déjà retiré le pardon, nous l’avons déjà reçu et nous en vivons. Pour nous aider à parfaire cette contrition et pour recevoir vraiment le pardon, l’Eglise nous donne de nombreux moyens : le kyrie en début de messe, l’eau bénite en entrant dans une église etc…

(c’est aussi là une consolation pour ceux que leur état actuel empêcheraient de recevoir le pardon sacramentel).

 

 

Cependant, il y a des péchés tels qu’ils rendent impossible une contrition parfaite. Ils nous salissent tellement, que notre identité n’est plus lisible et que l’on ne peut plus recevoir le pardon offert. C’est ce que l’on appelle les péchés graves ou mortels car nous empêchant de recevoir la vie de Dieu.

La liste des matières à péchés graves est donné par la Bible : les fameux 10 commandements. On ne tue pas et on ne vole pas tous les jours. Mais Dieu est-il bien toujours notre unique Dieu, est-il au cœur de notre vie ? nos dimanches en particulier (qui remplacent pour nous le sabbat) , lui sont-ils consacrés ?

 

Rencontrer un prêtre, lui dire son péché. C’est reconnaître que l’on est pécheur et lui dire l’ensemble des péchés à matière grave dont on a conscience et sinon au moins un péché précis, celui qui nous pèse sans rien cacher volontairement. Le prêtre, au nom de Dieu et par le ministère de l’Eglise, est là pour aider à y voir plus clair : discerner le péché là où il se cache, souvent par omission ; révéler parfois que la faute n’est pas si grave que cela – les circonstances atténuantes.

 

Alors dans la lumière de la vérité faite en nous, dans la joie, nous recevons du prêtre le pardon de Dieu.

 

Ne pas se reconnaître pécheur, c’est risquer de rester dans une relation faussée avec Dieu notre Père et de rester dehors comme le fils aîné au lieu d’entrer faire la fête.

 

AMEN