Dimanche 21 octobre 2007

29ème TO C

 

Non à la magie

 

Frères et sœurs,

Mon homélie d’aujourd’hui sera en 2 temps.

Dans un premier temps je parlerai de la première lecture et du fameux « bâton de Dieu » de Moïse en faisant un parallèle avec le bois de la Croix, les deux pouvant devenir lieux t’attachement idolâtre et magique ;

Puis, dans un second temps, à partir de la seconde lecture, je montrerai comment ce même risque existe avec les Ecritures Saintes.

 

·        Premier temps donc : le bâton et la croix.

Tant que Moïse tient élevé « le bâton de Dieu », la victoire est assurée. Moïse vient-il à baisser le bâton que Dieu semble impuissant à faire gagner Israël au combat.

Ce bâton, qui a déjà permis tant et tant de prodiges en Egypte, semble porteur d’un grand pouvoir, tel le bâton de Gandalf dans le Seigneur des Anneaux. Et certes, si Moïse n’avait disparu avec son bâton, il est probable qu’on eut fini par lui rendre un culte quasi idolâtrique comme on le fit d’ailleurs avec le Serpent d’airain.

Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

Le bâton était un signe de la puissance de Dieu, mais il risquait de cacher Dieu.

 

Moïse élevant le bâton à deux mains ne peut pas, je crois, ne pas nous faire penser au Christ sur la Croix.

Nous, catholiques, aimons à représenter le Christ en Croix.

Nos frères protestants préfèrent généralement arborer une croix nue sous prétexte que le Christ n’est pas resté sur la Croix mais a été enseveli et a été ressuscité.

Le Christ est certes ressuscité mais conserver la Croix seule, sans le Christ, c’est ne conserver que l’instrument de torture : or si nous sommes sauvés, ce n’est pas parce que le Christ a souffert mais parce qu’il a supporté tout cela par Amour. C’est grâce à l’amour de Dieu que nous sommes sauvés et non pas à cause de la Croix

Par ailleurs, la Croix sans le Christ peut devenir objet d’un pouvoir magique qui n’aurait plus rien de chrétien : croix qui chasserait par elle-même démons et vampires etc. La Croix n’est efficace que comme signe de notre foi en Christ.

 

On raconte qu’au 12ème siècle, le sultan                   maître des Lieux Saints, s’amusait au dépend des pèlerins en les recevant en audience dans une salle qu’ils devaient traverser en marchant sur un tapis recouvert de croix. Le sultan s’amusait de les voir essayer d’éviter les croix. Arrive François d’Assise. Et voilà que François, après avoir jeter un coup d’œil au tapis, traverse allègrement la pièce sans souci des croix. Les croix ne sont pas magiques ou sacrées du seul fait d’être des croix.

 

·        J’en arrive à mon second temps : les Ecritures.

« Tous les passages de l’Ecriture sont inspirés par Dieu » dit Paul à Timothée.

« Inspirés par Dieu », c’est à dire écrit par des hommes de Dieu et reconnus comme tels par d’autres hommes inspirés par Dieu.

Ce qui est primordial, c’est l’inspiration divine dont nous bénéficions encore aujourd’hui et non pas la lettre des Ecritures : peut-être les Ecritures disparaîtront-t-elles un jour ?

« La science ? elle disparaîtra.[9] Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie.[10] Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra.”  1Co13

Ce qui nous sauve, c’est Dieu, c’est que Dieu continue à nous donner de son Esprit saint, qu’Il nous inspire jour après jour: nous sommes la Parole de Dieu que le monde peut lire aujourd’hui, nous sommes ses missionnaires, ses porte-parole.

La Parole de Dieu n’est pas figée magiquement dans une écriture. Elle est Parole Vivante.

 

C’est ce que vous professez après chaque proclamation de l’Evangile:

“Acclamons la Parole de Dieu” dit le prêtre ou le diacre en vous montrant l’Evangéliaire (mais pas l’écrit qu’il contient sauf erreur liturgique).

Ce à quoi vous répondez: “Louange à Toi, Seigneur Jésus”

 

La Parole de Dieu n’est pas figée magiquement dans une écriture, fut-elle l’Ecriture Sainte, elle est une Parole Vivante, c’est Christ Jésus, c’est une personne.

 

 

 

Bâtons d’évêque, croix diverses et variées, Ecritures Saintes etc., les sacrements et l’institution Eglise elle-même ne sont là que pour nous aider à rencontrer le Christ.

Ses moyens voulus par Dieu au service de cette rencontre n’ont rien de magiques.

 

Ils sont certes un peu mystérieux mais c’est normal car au service d’une rencontre personnelle avec un Dieu trois fois personnel, et toute personne est à jamais un mystère.

 

AMEN