Dimanche 11 novembre 2007

32ème TO C

« Les enfants de ce monde se marient »

 

« Les enfants de ce monde se marient »

Se marier, étant entendu que les relations sexuelles et la procréation sont supposées n’avoir lieu que dans le cadre protecteur et donc épanouissant du mariage, est l’état naturel des enfants de ce monde.

Il est dans la nature de l’homme et de la femme de se marier et de procréer et c’est une belle et sainte chose : Dieu vit que cela était très bon . cf Gn1

Il est bon que les enfants un jour se marient et deviennent adultes, et parents quand c’est possible, avec générosité et responsabilité :

-         générosité, car avoir des enfants, c’est  renoncer à l’égocentrisme et à l’autocratie pour vivre pour les autres ;

-         responsabilité, car il ne s’agit pas de faire le plus d’enfants possibles mais aussi d’avoir les moyens de les éduquer, y compris religieusement.

Rester célibataire sans bonnes raisons n’est pas naturel à l’homme, ni bon pour l’homme : « il n’est pas bon que l’homme soit seul ».Gn2,18

 

Je sais que de plus en plus de personnes vivent en célibataires de manière non voulues, soit qu’elles le restent faute de… soit qu’elles le redeviennent (par veuvage ou divorce), et c’est souvent pour elles un lieu de souffrance. Que ce célibat forcé et contre-nature, lieu de souffrance, devienne occasion d’union spirituelle aux souffrances du monde, aux souffrances de Dieu, devienne configuration au Christ souffrant.

Par ailleurs soyons certain que Dieu n’est jamais loin de celui qui souffre : il souffre avec lui et pour lui ; il est prêt à porter nos croix si nous les lui confions.

 

« il n’est pas bon que l’homme soit seul ».Gn2,18

Jésus cependant, et contrairement aux préceptes juifs, est resté célibataire.

 

Cela ne rabaisse pas du tout la valeur du mariage, mais Jésus nous rappelle que le mariage et la sexualité sont des réalités de notre nature humaine charnelle et donc des réalités passagères, transitoires, terrestres : au ciel, les humains « ne se marient pas ».

En effet, la génération n’y a plus sens puisque nous y sommes immortels comme les anges. Quand au plaisir éventuel d’ordre sexuel, il ferait pâle figure en présence de celui qui comble à l’excès tous nos désirs, en présence de Dieu.

 

Le célibat de Jésus nous invite ainsi à regarder vers le ciel, vers ce que nous serons un jour auprès de Dieu, et nous invite ainsi à ne pas surévaluer, à ne pas diviniser nos états de vie passagers ici-bas : nous devons les vivre chastement i.e. de manière libre et détaché. " Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.” Lc14,26

 

Tel est aussi le sens du célibat consacré des religieuses et religieux, des sœurs et frères; ils anticipent prophétiquement dans leur vie terrestre ce que sera notre vie céleste.

Cette démarche n’est pas naturelle sans être pour autant contre nature: elle est sur-naturelle, elle ne trouve son sens et son caractère sanctifiant que dans une grâce divine particulière, elle est un don de l’Esprit, une vocation.

Certains religieux et religieuses n’hésitent pas ainsi à dire qu’ils épousent le Christ, ce qu’ils signifient souvent par un anneau nuptial: Dieu est le seul à pouvoir vraiment combler infiniment un cœur aimant.

 

Mon célibat, en tant que prêtre non religieux, est d’un autre ordre. Certes il peut être interpellant et prophétique, orientant le regard vers les réalités eschatologiques.

Cependant, je le crois et le vis selon un autre ordre.

Le prêtre est configuré au Christ, il est comme un autre Christ présent et vivant parmi nous. 

 

Le Christ, Tête de l’Eglise ;

Le Christ, Serviteur de l’Eglise ;

Le Christ, Epoux de l’Eglise.

 

Exhortation apostolique Pastores Dabo Vobis, JP II, 1992, n°22

« Le prêtre est appelé à être l'image vivante de Jésus Christ, Époux de l'Église: assurément, il reste toujours dans la communauté dont il fait partie, comme croyant, uni à tous ses frères et ses soeurs rassemblés par l'Esprit; mais, en vertu de sa configuration au Christ Tête et Pasteur, il se trouve en cette situation sponsale, qui le place en face de la communauté. "En tant qu'il représente le Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église, le prêtre a sa place non seulement dans l'Église, mais aussi en face de l'Église". C'est pourquoi il est appelé, dans sa vie spirituelle, à revivre l'amour du Christ époux envers l'Église épouse. »

 

Le célibat du prêtre est sacramentel de l’union du Christ à son Eglise, de même que l’union chrétienne d’un homme et d’une femme dans le mariage en est le sacrement.

 

Le mariage est le sacrement de l’union du Christ avec son Eglise : union dont la fécondité rend l’homme et la femme co-créateurs du Dieu créateur.

Le célibat religieux est une prolepse de notre être eschatologique : anticipation de notre union mystique et totale à Dieu.

Le célibat du prêtre est configuration au Christ Epoux de l’Eglise épouse.

 

AMEN