Dimanche 5 mars 2012

2ème de carême B : un Dieu pervers ?

 

Dieu dit : " Prends ton fils, ton fils unique celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai. "

Ou en holocauste selon BJ et TOB.

 

Ce Dieu qui demande à un père de sacrifier son fils peut-il être le nôtre ?

 

L’hébreu n’est pas une langue abstraite mais un idiome très imagé. Ainsi le mot « holocauste » n’existe qu’en tant que description de la fumée qui monte vers Dieu lorsque l’offrande est entièrement brûlée : on ne dit pas faire un « holocauste » mais « monter en montée »

 

Ainsi,  Dieu dit à Abraham selon la traduction littéraliste de Chouraqui : « prends donc ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va pour toi en terre de Moryah, là, monte le montée sur l’un des monts que je te dirai ».

 

Certains, forts de cette lecture, en déduisent que Dieu n’avait pas vraiment demandé à Abraham de lui sacrifier son fils mais seulement de monter le lui présenter. Ce serait alors Abraham qui, formaté par la mentalité sacrificielle de son temps, aurait indûment interprété la volonté divine en terme d’holocauste humain.

 

L’idée est ingénieuse et séduisante. Elle affranchirait Dieu du côté pervers de l’épreuve infligée à Abraham.

 

Mais c’est réécrire l’histoire.

-          la France n’a pas collaboré avec l’occupant mais seul « l’état français de Vichy »

-          l’Eglise n’a jamais brûlée de sorcières ou autres : elle s’est contenter de les condamner et c’est le bras séculier qui leur a infligé une peine…

c’est peut-être vrai mais pas très honnête.

 

Il nous faut accepter, non pas que Dieu ait « torturé » Abraham, mais que la Bible le dise comme tel.

Accepter que notre compréhension de Dieu, de ce qu’il est, de qui il est, de son amour pour nous, ait évoluée et continue d’évoluer, parfois avec des soubresauts.

 

Dieu est éternel et immuable : pas l’idée que nous nous en faisons !

 

Par ailleurs, force est de constater que Dieu dans sa manière de se révéler à nous, s’adapte toujours à notre capacité à le recevoir.

 

Stigmates dans la paume puis au poignet…

 

Lorsque nous disons que Dieu est Père Fils et Esprit, exprimons-nous son être essentiel ou simplement ce que nous en sommes capables de l’exprimer avec des mots et des images humaines ?

Lui qui a finalement épargné Abraham, comment comprendre que par amour pour nous, Dieu le Père n’ait pas refusé d’offrir son Fils en sacrifice sur la croix ?

Ro 8,32 Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous

Puisse Dieu continuer à purifier notre compréhension de son être, de son être d’amour pour nous. Au-delà de nos limitations humaines, qu’il nous comble de son Esprit de science :

 

Ro 11 O abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ![34] Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en fut jamais le conseiller ?

[35] Ou bien qui l'a prévenu de ses dons pour devoir être payé de retour ?

[36] Car tout est de lui et par lui et pour lui. A lui soit la gloire éternellement ! Amen.