Jeudi 5 avril 2012

Cène & diaconie

 

Etrange geste que celui du lavement des pieds.

 

Avant d’entrer dans une maison, en orient, il convient aujourd’hui encore d’enlever ses chaussures.

A l’époque de Jésus, peu de chaussettes me semble-t-il, ainsi convenait-il une fois retirées les sandales de laver aussi ses pieds  avant que d’entrer.

 

Le plus souvent, on faisait soi-même ce genre d’ablution.

En effet, ce geste était considéré comme si dégradant en Israël (j’ose à peine imaginer l’état des pieds), que même un esclave _ juif_ avait le droit de le refuser !

 

Quoiqu’il en soit, on se lavait les pieds avant d’entrer dans la maison

Et non pas juste avant de manger : on mange généralement avec ses mains.

 

Remarquez qu’avant de passer au réfectoire le jour d’arrivée dans un monastère, le père abbé nous lave les mains.

 

Or Jésus, au cours du repas, se lève de table pour laver les pieds de ses disciples ! quelle drôle d’idée.

Signe probable que cette ablution n’a pas un caractère hygiénique mais signifie bien autre chose, bien plus.

 

 Elle est le signe de l’amour qui va jusqu’au bout.

« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout »

Le lavement de pieds est l’équivalent non sacramentel du sacrifice eucharistique dans lequel prend sens le sacrifice ultime du fils de Dieu sur la croix.

 

Il est le Dieu de la vie, et pourtant il meurt pour nous sur la croix.

Il est le maître et le seigneur et  pourtant, pire qu’en esclave, il nous lave les pieds.

 

Ph 2 [6] Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.

[7] Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave,

 

Et, de même que dans l’eucharistie il nous a dit « faites ceci en mémoire de moi » 1Co11,24

De même après avoir laver les pieds de ses disciples il leur dit « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »

 

Sacrifice eucharistique et lavement des pieds ; liturgie et diaconie sont semblables et indissociables.

1 Jn 4 « aimons, puisque lui nous a aimés le premier.[20] Si quelqu'un dit : "J'aime Dieu" et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. »

 

C’est sans doute pour cela que l’Eglise demande que l’on soit d’abord diacre avant que de devenir prêtre ou évêque. L’évêque d’ailleurs est invité, selon des rubriques liturgiques toujours actuelles mais généralement non appliquées, à porter lors des grands fêtes la dalmatique (vêtement du diacre) sous la chasuble. Cf Cérémonial des évêques n°56

Nous sommes prêtres, prophètes et rois, participants de la nature même de Dieu (LG 40).

N’oublions pas que la gloire suprême de Dieu c’est de s’être fait notre serviteur pour qu’en l’imitant dans la diaconie nous ne soyons plus des ses serviteurs mais ses amis.

 

Jn 15

[15] Je ne vous appelle plus serviteurs [.]; mais je vous appelle amis, 

[13] Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis.