« mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange » (sous entendu « portez en au moins une » = « ne soyez pas tout nu » )

mais n’emportez rien d’autre « si ce n’est un bâton »

Que signifie cela ?

Première référence possible : la Pâque.

Ex 12,11 [11] Mangez-la ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main.

mais le parallelle s’arrête là. Rien dans le contexte ne valide se rapprochement.

D’aucuns y voient une référence aux cyniques, très en vogue à l’époque dans l’empire romain. Le cynisme = de chien , école philosophique fondée par le grec Antisthène, vers 390 av. J.-C et dont le représentant la plus illustre sera Diogène de Sinope : le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton, d'une besace et d'une écuelle.

Cependant, le matérialisme, l’irréligion et le mépris de l’homme et de toute convention des cyniques, n’a rien à voir avec le judéo-christianisme même s’il trouvera un écho chez les anachorètes et à travers le stoïcisme…

Abba Jean Colobos jette un morceau de pain à terre et dit à Arsène : « Mange, si tu veux ». Lui se mit par terre et avança en marchant à quatre pattes jusqu’à l’endroit où se trouvait le morceau de pain et il le mangea là par terre. L’ancien, voyant cela, dit aux clercs : « Bon retour et priez pour nous, car il a de quoi devenir un moine éprouvé ». Les clercs donc interrogèrent Arsène : « Par charité, seigneur frère, quelle était ta pensée lorsque tu mangeais le morceau de pain par terre ? ». Il leur répondit : « je me disais : il t’a jeté du pain comme à un chien, mange le comme un chien ». Et ils glorifièrent Dieu.   5/05 Sagesse du désert

« mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange » mais n’emportez rien d’autre « si ce n’est un bâton »

Au-delà d’un dénuement relatif,

Les 3 objets peuvent avoir une dimension symbolique :

-          les sandales : pratiquent sans doute pour marcher / peut-être un symbole de liberté à opposé à l’esclave pieds nus / attributs classiques du messager

cf sandales ailées d’Hermes ou Mercure

Ro 10,15 Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles !

-          le baton : équipement du marcheur, du pèlerin / arme de défense plutôt que d’attaque

à noter que le // matthéen supprime bâton et sandales ce qui en relativise la portée symbolique

 Mt  [9] " Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures,

[10] ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni sandales ni bâton

-          reste la tunique :

dans la Bible, on pourrait dire que l’habit fait le moine.

Cf le manteau d’Elie faisant d’Elisée un prophète / déchirer son vêtement quand on a le cœur déchiré…

Ne pas avoir 2 tuniques différentes est alors comme une invitation à être toujours vrai, à ne pas jouer des rôles, des personnage différents selon les moments et ceux à qui ont s’adresse. Etre vrai quitte à ne pas être reçu comme le suggère l’Evangile :

« si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez… »

Au baptême nous avons revêtu le Christ. Ne pas vivre en chrétien = avoir investi dans une tenue de pèlerin et ne jamais prendre la route…       (un peu tard pour arriver le 25/07 à Compostelle)

Alléluia signifie « louez le Seigneur ! »

Comme chante le voyageur, chante, mais marche. Ne cultive pas la paresse, chante pour soutenir ton effort ! Chante et marche. Qu’est-ce à dire, marche ? Avance, avance dans le bien. « Il en est, dit l’apôtre, que progressent dans le mal ». Toi, tu avances et tu marches, mais avance dans le bien, avance dans la foi droite, avance dans la vie pure. Sans t’égarer, sans reculer, sans piétiner, chante et marche !

Augustin