Dimanche 23 mars 2014

3ème carême A : « j’ai soif »

 

" Jésus lui répondit : " Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. "

//

avec le fameux discours du pain de vie (toujours dans le 4ème Ev.)

Jn 6,51 Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais

 

Dans les 2 cas, Jésus utilise le consommable dans ce que les aliments ont de plus essentiels et vitaux, eau ou pain, pour parler de Lui, de qui Il est : le sauveur, la Vie.

 

Et dans les 2 cas, Jésus n’est d’abord pas compris, sa métaphore étant prise trop à la lettre :

Jn6, 52 "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?"

« donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. "

 

Quand le sage montre la lune,

L’imbécile regarde le doigt…

Après le discours du pain de vie, la plupart des interlocuteurs de Jésus, choqués, bloqués sur leur interprétation anthropophage, n’ont pas pu voir plus loin et ont abandonnés Jésus.

Jn 6 [60] Après l'avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : "Elle est dure, cette parole ! Qui peut l'écouter

[66] Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui.

 

L’image de l’eau vive donnée par Jésus est sans doute moins choquante à entendre mais pas forcément plus aisée à comprendre.

Ainsi, ce n’est qu’en détournant la femme de sa mauvaise compréhension de cette eau, en l’orientant sur la question de sa vie morale et sur son état de vie adultère, que Jésus va réussir à faire sourdre en elle le cœur de son message, ce qu’il est :

 " La femme lui dit : " Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. " Jésus lui dit : " Moi qui te parle, je le suis. "

 

« je le suis » = ego eimi = autorévélation de Dieu faite à Moïse Ex 3,14

Suite à cette affirmation,

Les samaritains du village crurent :  « nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Face à la même affirmation, en Jn 8,

[58] Jésus leur dit (au juifs) : "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis."[59] Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter

 

Les mêmes mots ne conviennent pas forcément pour des personnes différentes = inculturation du discours.

Quels que soient les mots, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif

 

Nous avons le devoir de proclamer la Bonne Nouvelle, de répandre à flot l’Evangile du Christ notre Sauveur et notre Dieu. Mais nous devons le faire en essayant de nous adapter à ce que les gens en peuvent entendre et accueillir pour le moment :

1Co 3 [2]C'est du lait que je vous ai donné à boire, non une nourriture solide; vous ne pouviez encore la supporter.

 

Et puisque nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre,

acceptons que le résultat ne dépende pas de nous.

Comme disait Bernadette : « on m’a chargé de vous le dire, pas de vous le faire croire ».