Dimanche 14 septembre 2014

La croix glorieuse

Etrange fête que celle d’aujourd’hui : fête la croix glorieuse ou exaltation de la sainte croix

alors que la croix est abominable comme tout instrument de torture et de mort !

on n’imagine pas une fête du super fusil ou de la merveilleuse baïonnette…

Et pourtant, nous fêtons la croix comme glorieuse aujourd’hui et même pour beaucoup d’entre nous nous l’arborons sur nous, à notre cou, chaque jour.

Serions-nous des pervers sadiques ?

 

Si Dieu est le même de toujours et à jamais, parfait et donc sans changement, il faut reconnaître que notre compréhension de qui est Dieu à beaucoup évoluer dans l’histoire de l’humanité comme elle évolue dans nos vies personnelles.

 

Dieu étant tout puissant, on pourrait dire par définition, alors on lui a d’abord  attribué tant le bien que le mal qui pouvaient advenir : il fait la pluie et le beau temps !

 « le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d'Israël. »

 

Foi simpliste de l’enfant qui prie pour que papa et maman ne se disputent plus, pour que mamie ne meure pas, pour ne pas rater son contrôle etc…

Foi en un Dieu manipulateur que l’on ne peut que rejeter quand finalement un drame arrive dans nos vies. Si Dieu est méchant ou inutile, à quoi bon croire en lui ou l’aimer…

 

Être chrétien change radicalement  cette idée de Dieu.

Dieu n’est pas celui qui nous envoie des épreuves, des croix, ni sans doute des récompenses comme on donne un sucre à un gentil chien,

Dieu est quelqu’un qui nous aime tellement qu’il nous veut semblables à lui et qui, face à notre impuissance à être saint comme il est saint, c’est fait lui-même semblable à nous pour nous sauver.

« Dieu c’est fait homme pour que l’homme soit fait dieu » écrivait Irénée de Lyon.

Dieu c’est fait homme, pas seulement en apparence mais dans la réalité concrète de nos vies, dans nos joies et dans nos misères et jusque dans la mort.

« Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix. »

 

La toute puissance de Dieu se révèle dans la salut qu’il nous offre en se livrant impuissant sur la croix. En lui, la mort est morte.

 

D’’où Paul en 1Co 1,18  « Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. »

La croix n’est alors plus pour nous tant l’instrument de torture abjecte que le symbole de l’amour de Dieu pour nous qui va jusqu’au bout, jusqu’à la déraison, jusqu’à l’extrême.

 

Nous demandons, nous prions certes toujours pour que Dieu nous délivre de tout mal, mais nous savons qu’il n’agira pas a priori dans nos vies comme un magicien ou un sorcier.

Il nous donne la force de traverser les épreuves comme il nous donnera de traverser la mort. Il est avec nous dans nos joies comme dans nos souffrances.    

 

La croix, les croix que nous portons, ne sont pas symboles de mort. Elles manifestent notre refus de faire de Dieu un manipulateur sadique de nos vies.  Elles sont affirmation qu’après la mort il y a la vie .

Le Christ est ressuscité, avec lui nous serons un jour élevés auprès du Père.