Dimanche novembre 2014

1er Avent B : une nouvelle traduction

La Nouvelle Année liturgique correspond dans notre diocèse à l’ouverture d’une  Année de la Parole et  dans toutes les Eglises en France et sans doute francophones, à la mise en place de la nouvelle traduction liturgique de la Bible.

 

L’Ancien Testament a été écrit principalement en hébreu et le Nouveau en grec.

Comme il serait étrange pour ne pas dire absurde de proclamer la Parole de Dieu dans des langues pour nous incompréhensibles (sauf exception).   Il nous faut en passer par la traduction ou plutôt par des traductions.

 

Déjà St Augustin disait que « traduire c’est trahir » car aucune langue ne correspond exactement au champ sémantique d’une autre. On interprète donc toujours lorsqu’on traduit.

 

Ainsi l’Evangile d’aujourd’hui.

Mc 13,[36] de peur que, venant à l'improviste, il ne vous trouve endormis.    BJ

 [36] de peur qu'il n'arrive à l'improviste et ne vous trouve en train de dormir.  TOB

[36] craignez qu'il ne vous trouve endormis, à son arrivée soudaine.   Segon

 

Alors que le texte que nous venons de proclamer dit

« s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis »

 

La notion de « peur » a disparue. Disparue du texte liturgique mais aussi je crois disparue des nouvelles traductions de la Bible, BJ, TOB, Segon21…

 

Le texte grec n’a pas changé. Mais on choisit généralement aujourd’hui de traduire autrement le mh du texte grec…

Quel sens lui donnait Marc ; retraduisant d’ailleurs en grec ce qu’aurait dit Jésus en araméen ?

Voilà qui doit nous inviter à rester prudent lorsque nous lisons la Bible _ et nous devons la lire.

Nous ne sommes jamais dispensés d’être intelligent en la lisant, et nous devons toujours être sur la retenue lorsque nous l’interprétons.

Il peut y avoir des nuances voire des différences entre :

-          Ce que le narrateur a voulu dire

-          Ce qu’il a vraiment dit

-          Ce que nous en comprenons   Etc

Certes Dieu est l’auteur fontal de l’ensemble de la Bible, sa source d’inspiration.

Ce que rappelle le Concile Vatican 2 : « ils ont Dieu pour auteur » Dei Verbum 11

 

Ce que remet en valeur les nouveaux lectionnaires en insistant sur la proclamation « Parole du Seigneur ».

 

Mais ce sont des hommes qui les ont écrites, avec leurs limitations tant dans la compréhension du désir de Dieu que dans leur capacité à l’exprimer.

DV 12 : « Dieu a parlé par des hommes à la manière des hommes »

 

Nous avons la chance d’avoir 4 évangiles qui parfois se contredisent, nous devrions être à jamais préservés de tout fanatisme…

Nous ne sommes pas une religion du Livre. Nous sommes une religion avec un livre. La Parole de Dieu n’est pas pour nous fixée dans un écrit. Jésus est la Parole de Dieu, la Parole parlée, le Verbe fait chair ; il est une personne et nul ne peut jamais dire d’une personne « je l’a connais ». Un personne reste toujours un mystère, ainsi en est-il de la Parole de Dieu.

Quand le diacre (ou le prêtre) dit de manière simpliste à la fin de l’Evangile « acclamons la Parole de Dieu », le peuple dans sa sagesse corrige « Louange à toi Seigneur Jésus » !

 

Conclusion : Découvrons la Nouvelle Traduction liturgique et  renouvelons éventuellement nos Bibles domestiques. Lisons la Parole de Dieu et soyons, par notre façon de vivre, une Bible ouverte que le monde puisse accueillir de manière intelligible.