Dimanche 5 juillet 2015

14ème TO B : « ne te connais pas toi-même »

Jésus enseigne avec sagesse dans la synagogue de Nazareth et il accomplit dans la ville quelques guérisons et miracles…

Or plutôt que de rendre grâce à Dieu pour ses merveilles accomplies en Jésus, les habitants de Nazareth se bloquent sur l’incongruité que de telles merveilles passent par un homme en apparence comme eux, l’un des leurs. Ils savent qui est Jésus.

Ils connaissent Jésus. Ils savent, ou croient savoir d’où il vient.

Jésus est l’un des leurs : il a vécu plus de 30 ans parmi eux _ si on se contente de l’Ev. De Marc en faisant abstraction des autres Ev, on pourrait même supposer qu’il y est né : « Jésus se rendit dans son lieu d’origine »…

C’est le charpentier du village. On connait sa famille : sa mère ainsi que ses frères et sœurs dont il n’est pas dit d’eux qu’ils soient enfants aussi enfants de Marie. (j’imagine volontiers des enfants orphelins de Joseph nés d’un premier mariage).

Toujours est-il qu’on connaît Jésus : on sait que socialement parlant il n’est rien. Ni noble (il est descendant de David comme nous le sommes presque tous de Charlemagne en cherchant bien…), ni riche (ce qui ne veut pas dire pauvre : il a un métier), ni de famille sacerdotale…

Alors pour qui se prend-il donc lui qui ose se faire l’interprète et l’instrument de Dieu ?

Plutôt que de remettre en question ce que l’on croit savoir sur Jésus, on préfère l’accuser de viser trop haut, d’avoir les chevilles qui enflent.

C’est d’ailleurs le risque qu’a connu personnellement Saul devenu Paul.

   les révélations que j’ai reçues sont tellement extraordinaires    (et tout ce qu’il a pu faire et subir)

que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde  (peu en importe la nature)

 

La différence entre Jésus et Paul, c’est que Saul n’est Paul que par révélation, par grâce divine tandis que Jésus est Dieu par nature.

Paul n’a pas à se glorifier de lui-même mais bien plutôt de ses faiblesses qui permettent à Dieu de manifester sa gloire à travers lui.

« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »

 

Jésus  est quant à lui la source de sa propre puissance même s’il l’a voilée de faiblesse en assumant les limitations de notre nature humaine.

 

Si Paul a eu besoin qu’une écharde lui rappelle la faiblesse de sa nature humaine,

Jésus lui, a tellement assumé notre humanité, qu’il  a pour ainsi dire eu besoin que le Père lui rappelle par moment son être divin, son lien essentiel à la Trinité.

Ex. lors de son baptême en Mc 1,11 : une voix vint des cieux : "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur."

 

Ni Paul, ni Jésus.  Et pourtant, comme Paul le baptême nous a christifiés !

Puissions-nous dire un jour comme Paul : Ga2.20 ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.

 

N’enfermons pas les autres et ne nous enfermons pas nous-mêmes dans ce que nous croyons connaître d’eux ou de nous, de nos talents ou de nos limites. Passons du « connais-toi toi-même » à l’accueil du mystère qu’est chacun de nous. Laissons à l’Esprit saint de Dieu la possibilité de nous surprendre !