« soyez soumis les uns aux autres ; 
    les femmes, à leur mari, [.]    car, pour la femme, le mari est la tête »

Ce texte de Paul fait partie des passages bibliques proposés pour les célébrations de mariages.

Ce n’est certes pas le plus choisi par les fiancés : il ne m’ait arrivé qu’une fois d’avoir à essayer de l’expliquer lors d’un mariage afin de le rendre plus digeste.

« soyez soumis les uns aux autres ; 
    les femmes, à leur mari, [.]    car, pour la femme, le mari est la tête »

Ou comme le traduit de manière encore moins diplomatique la TOB :

Ep 5, 22 femmes, soyez soumises à vos maris

Concernant les relations hommes-femmes et tout particulièrement les relations épouses-maris, Paul ne nous donne pas un enseignement « de droit divin ». Il est simplement de son temps et de son ère géographique. Il décrit un état de fait tel qu’il l’a toujours connu.

Or Paul, _ pour annoncer le bien ultime et devant lequel à ses yeux tout s’efface et pert tout importance _  pour annoncer Dieu manifesté en Jésus-Christ, à besoin de la paix qui lui garantit sa liberté de parler et de se déplacer, fut-elle la paix romaine ou pax romana i.e. celle du glaive des légions occupantes.

Au nom de cette paix et de cette stabilité _ pour l’annonce de l’Evangile_  Paul va se faire contre-révolutionnaire :

-          il accepte provisoirement l’esclavage qui est alors une base de la société impériale.

Ep 6,5 Esclaves, obéissez à vos maîtres

-          il prône la soumission aux autorités civiles

Ro 13, 1-2 Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n'y a d'autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par lui.

[2] Ainsi, celui qui s'oppose à l'autorité se rebelle contre l'ordre voulu par Dieu, et les rebelles attireront la condamnation sur eux-mêmes.

-          il légitimise le fonctionnement patriarchal des familles, cellules de bases de la société.

              Ep 5, 22 femmes, soyez soumises à vos maris

Paul, pour le bien ultime de l’annonce de l’Evangile, a fait avec la société de son temps les compromissions qu’il jugeait nécessaire. Aurions-nous fait les mêmes ?

Quoiqu’il en soit, les temps et la société ont changés. Nous ne sommes plus tenus aux mêmes compromissions.

Ce que Paul annonçait déjà en Ga3,28  mais uniquement spirituellement est maintenant à peu près passé en actes et en pratiques et il faut nous en réjouir :

Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ.  

Les modernes que nous sommes auraient peut-être tendance  à vite juger et mal juger des choix de St Paul.

Mais, parfois avec des motifs moins nobles que Paul, nous acceptons nous aussi quelques compromissions avec la société de notre temps : exploitation économique des pays pauvres (véritable esclavage moderne), gaspillage et surconsommation, effacement extérieure des signes de notre foi…

Retour au texte de Paul

« soyez soumis les uns aux autres ;     les femmes, à leur mari, [.]    car, pour la femme, le mari est la tête »

Ou plutôt de manière non tronquée :

«  par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; 
    les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ;
    car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, 
lui qui est le Sauveur de son corps. »

La substantifique moelle du texte ne porte pas sur les relations hommes-femmes mais sur l’être du Christ Jésus pour son Corps qui est l’Eglise.

Nous sommes son Corps et il a donné sa vie pour nous.

C’est cette réalité qui doit maintenant conformer notre être ensemble.

Jn 15,12 aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.

C’est dans l’adhésion à se « comme » que l’Eglise devient « comme le sacrement universel du salut » LG 48, que le prêtre devient « comme  un autre Christ » alter christus, que le mariage devient sacrement et « comme l’union du Christ et de l’Eglise » …

Ne vivons pas comme au temps de Paul.

Mais de manière adaptée à notre temps, vivons comme le Christ.

Ep 5 [1] Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu'il aime ;

[2] vivez dans l'amour, comme le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même à Dieu pour nous