Dimanche 25 octobre 2015

30ème TO B : peuple et personne

 

Si nous faisons dimanche après dimanche une lecture +/- suivie de l’Evangile _ selon St Marc pour l’année liturgique B_ ainsi que pour la 2ème lecture _ Hb actuellement _ ces 2 textes n’ayant pas forcément de rapport entre eux ; tel n’est pas le cas avec la 1ère lecture, généralement de l’AT, choisie en fonction de l’Evangile.

 

Dans les 2 cas, on a la mention d’un aveugle et  un appel vers le seigneur.

Mais ces 2 cris vers le Seigneur sont assez différents.

« Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! » en Jr

« Fils de David, prends pitié de moi ! » en Mc

 

L’un concerne un collectif, le peuple ; et l’autre une personne en particulier.

Dans l’AT, Dieu est avant tout le Dieu d’Israël, celui d’un peuple.

L’alliance mosaïque n’est pas conclue entre Dieu et Moïse mais entre Dieu et tout le peuple.

La bénédiction divine n’est pas envers une personne mais pour sa descendance, son clan, sa race (pour reprendre le vocabulaire biblique).

Être juif, n’est pas tant alors avoir une foi personnelle qu’être né d’une mère juive.

On peut être juif et athée.

Mélange entre 2 concepts : hérédité et foi ; Israël comme peuple et Israël comme territoire etc.

Faute de bien séparer les 2, on construit d’autres murs…

Selon Tertullien, « on ne nait pas chrétien, on le devient »

Suivre Jésus, demande une adhésion personnelle.

Certes Dieu seul peut donner la foi mais il faut savoir la demander, l’accueillir, vouloir voir.

 

Au début du péricope évangélique d’aujourd’hui, on a une foule nombreuse. Noyé parmi elle mais déjà un peu en retrait, « assis au bord du chemin », se trouve Bartimée, l’aveugle.  

Entendant que c’était Jésus qui passait par là, Bartimée se mit à crier, à crier plus fort que la foule, à crier malgré ceux qui le rabrouent :

« Fils de David, prends pitié de moi ».

Bartimée ose ainsi une démarche personnelle. Il ose demander qqc pour lui, personnellement « prends pitié de moi ».

Cependant, sa demande bien que personnelle, s’inscrit encore dans la tradition du collectif. Il interpelle Jésus comme « Fils de David » i.e. au nom de leur commune ascendance, par solidarité « raciale ».

 

Jésus va l’aider à progresser dans une démarche plus personnelle en lui posant une question en apparence étrange vis-à-vis d’un aveugle souhaitant évidemment recouvrer la vue :  « que veux-tu que je fasse pour toi ? » : tu je toi : Jésus invite Bartimée à une rencontre intime et personnelle.

 

Et Bartimée de répondre « rabbouni, que je retrouve la vue » =  « mon petit maître à moi, que je revois »

Bartimée entre dans l’intimité de Jésus et alors Jésus peut lui dire « va, ta foi t’a sauvé » ; c’est sa foi personnelle à lui qui fait de lui un qqc de debout et en marche avec Jésus.

 

Les 2 dimensions  foi collective et adhésion personnelle ne sont bien sûr pas à opposer, elles sont complémentaires.

On les retrouve toutes 2 dans la liturgie eucharistique dans 2 prières dites par le prêtre à voix basse :

Lors de l’immixtion : « Que le Corps et le Sang de Jésus Christ, réunis dans cette coupe, nourrissent en nous la vie éternelle »     = dimension collective du salut

Lors de la communion : « que le Corps (et le sang) du Christ me garde(nt) pour la vie éternelle » = dimension personnelle du salut.

Les 2 démarches sont complémentaires, tant il est vrai qu’on ne communie pas que pour soi mais que notre communion personnelle profite aussi à l’ensemble du corps du Christ qu’est l’Eglise, en particulier pour ceux qui pour une raison ou une autre ne peuvent pas communier.

 

Le rapport entre peuple et personne est au cœur de l’ecclésiologie de communion.

Equilibre tout en tension pour éviter les écueils de la foule et de l’individu.

C’est ensemble que nous avons chacun personnellement à nous laisser rencontrer par Dieu.