Dimanche 14 février 2016
1er de Carême,
dimanche de la Santé : tentation divine
« Si tu es Fils de
Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Telle est la
première tentation que le diable inflige à Jésus selon l’Evangile selon St
Luc. Cette tentation
concerne Jésus. Mais de manière plus générale elle est peut-être la grande
tentation de Dieu. |
Dieu est
Tout-Puissant et il est amour, miséricorde. Il souffre donc
avec nous de nous voir subir ·
la
faim parfois _ le manque de nourriture ou d’eau afflige encore une grande
partie de l’humanité _ ·
la
maladie et la souffrance souvent ·
la
mort toujours Et probablement
que Dieu dans son amour miséricordieux pour nous est comme tenté d’intervenir,
de faire disparaître par sa seule volonté toute puissante toutes nos causes d’affliction. Tant d’entre nous
sont comme en train de choir du haut du Temple… cela met véritablement Dieu à
l’épreuve. Il est tenté d’envoyer ses anges. |
Tentation des
parents envers leurs enfants de les protéger des risques et des dangers,
tentation à vouloir les garder à l’abri sous leurs ailes… Et pourtant pour
le bien des enfants, pour qu’ils deviennent adultes il faut à un moment ou un
autre les chasser hors du nid s’ils n’osent pas d’eux-mêmes prendre leur
envol. Il faut savoir lâcher le vélo sans petites roues alors même que l’on
sait qu’il y aura des chutes et des bobos… |
Face à la faim,
la maladie, la mort, nous crions
volontiers vers Dieu ou contre Dieu. Vers Dieu pour qu’il
nous relève ; contre Dieu pour nous avoir laissé tomber. Nous pouvons
retrouver la foi dans l’épreuve comme nous pouvons la perdre. Mais de quelle
foi s’agit-il ? Si c’est la foi
en un Dieu omnipotent et dictateur de nos vies comme un manipulateur de marionnettes,
il vaut mieux peut-être perdre cette foi. C’est d’ailleurs une telle
conception de Dieu que rejette la plupart des athées. Notre Dieu n’est
pas celui qui tient les fils mais celui qui les coupe. Ga 5,1 C'est pour que nous soyons vraiment libres que
Christ nous a libérés. Bien
plus, notre Dieu est celui qui a pris sur lui les liens qui nous entravait :
il est venu partager les limites de notre nature humaine, il a connu la
souffrance physique et morale, celle du rejet et celle du fouet, il a connu l’anéantissement
de la mort. Il
n’a pas donné sens au mal et à la mort : la souffrance n’a ni valeur ni
sens en elle-même, elle est absurde et aveugle. Il
a donné sens à nos vies : la vie est plus forte que la mort ; la
vie prend tout son sens lorsqu’elle est donnée. Lc
9,23-24 Si quelqu'un veut venir à ma
suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu'il me
suive. En effet, qui veut sauver
sa vie, la perdra ; mais qui
perd sa vie à cause de moi, la
sauvera. |
Face aux drames
de la vie, je n’ai pas d’autre parole de réconfort que la contemplation de la
croix. Dieu qui n’est pas indifférent à nos misères mais qui les partage. |
Cela ne fait pas
disparaître la souffrance et nous pouvons continuer à crier envers et contre
Dieu notre souffrance. La Bible par les psaumes nous y encourage. Crier
envers et contre Dieu, c’est encore lui parler, encore lui faire confiance,
encore s’en remettre à Lui. Mc 15,34 à trois
heures, Jésus cria d'une voix forte : " Eloï, Eloï, lama sabaqthani ?
" ce qui signifie : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " Ps 21(22) Ce cri est
parfois le nôtre mais il porte en lui l’espérance de la Résurrection. Il n’est
pas tentation mais promesse de rédemption. |