Dimanche 28 février 2016

3ème de carême C ; injustice divine

« Le Seigneur est tendresse et pitié » avons-nous chanté comme refrain au psaume.

Alors, puisqu’il est Tout-Puissant, pourquoi n’agit-il pas plus ?

 

Le Seigneur dit :
« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte,
et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants.
Oui, je connais ses souffrances.   Je suis descendu pour le délivrer

 

Pourquoi Dieu entend-il le cri de certains et laisse-t-il d’autres souffrir et mourir sans intervenir ?

 

 « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter ceci et cela ? »

 Eh bien, je vous dis : rien du tout !

Pas plus que n’étaient coupables les Galiléens massacrés par Pilate ou les victimes d’avortement…

 

Le mal frappe aveuglément, sans discrimination, sans raison. Il n’a aucun sens.

 

Vouloir trouver une justification au mal ou au bien qui nous arrive en ce monde ne peut que nous enfermer dans une logique du mérite, la logique de la justice distributive, celle de la carotte et du bâton, celle d’un Dieu ½ père Noël ½ père Fouettard.

 

On risque alors de se culpabiliser sans mesure dans les épreuves ou de s’attribuer indument des mérites lorsque tout va bien.

Ou encore de perdre la foi devant l’injustice de Dieu…

 

Ce qui ne libère pas forcément de la mentalité de justice distributive.

Notre société de plus en plus sécularisée et même athée est de plus en plus portée à chercher systématiquement un coupable en cas de problème ou d’accident. C’est le vielle rengaine du bouc émissaire…

Est-ce à dire que comportements ne nous sont d’aucun mérite ?

 

si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.  dit Jésus.

 

Mais la conversion dont parle Jésus n’est pas d’abord celle des comportements : il s’agit avant tout de convertir son cœur, de revenir à Dieu, de purifier l’idée/l’image/l’idole que l’on se fait de Dieu.

Convertir notre conception naturelle d’un Dieu inscrit dans une justice distributive, pour accueillir le Vrai Dieu, Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde. Dieu qui nous a déjà pardonné en JC alors que nous étions encore pécheurs ; Dieu qui ne tient pas compte de nos mérites mais qui ne voit que son amour infini pour nous.

 

si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. dit Jésus

= si vous restez dans une conception d’un Dieu qui juge et condamne selon les mérites, alors comme nul ne mérite son amour et son pardon, vous ne saurez pas le recevoir et « vous périrez tous de même » en dépit du désir de Dieu de vous sauver.

La mesure que vous prêtez à Dieu servira pour vous mesurer…

 

Le carême est un temps qui nous est donné pour convertir notre idée de Dieu et nous convertir.

Un temps pour porter du fruit. Non pas pour être sauvé (justice distributive) mais parce que sauvé (logique de reconnaissance gratuite).

Et si les bons fruits tardent à venir, n’hésitons pas à offrir à Dieu jusqu’au fumier de nos vies, il saura s’en servir comme engrais.