Dimanche 6 mars 2016

4ème de Carême C : un pardon immérité

Parabole du Père et de ses 2 fils

Récit / Arrêt : pourquoi ce retour au Père ?

Non pas par amour du Père, ni même par regret d’avoir mené peut-être une vie de débauche

Mais à cause de la faim !

C’est la faim qui le fait revenir. Il revient par calcul, par intérêt.

On ne sait pas s’il se considère comme pécheur contre le ciel et envers son père. On sait seulement qu’il prémédite de se présenter comme tel…

On peut douter de l’honnêteté de sa contrition.

Et d’ailleurs son Père ne s’y laisse pas vraiment prendre. Il écoute à peine ce que lui dit son Fils, il interrompt son discours. Peu lui importe ce qui lui ramène son Fils, peu importe que les motifs soient bons ou non : ce qui compte pour lui c’est de retrouver son fils, et de le retrouver en bonne santé.

Et il lui renouvelle son amour, un amour qui de son côté n’a jamais failli.

Dans le sacrement du pardon, il n’est pas requis d’avoir une contrition parfaite.

D’une certaine manière, le pénitent parfait n’aurait pas besoin du sacrement.

Le sacrement vient au secours de notre faiblesse. Le prêtre y est comme le père qui attend le retour du fils.

Certes il y a en principe la démarche de l’aveu « j’ai péché contre le ciel et envers mes frères » mais il ne s’agit pas de tout dire, de manière exhaustive. Le prêtre vous arrête généralement et vous demande de dire l’essentiel, ce qui vous tient à cœur. Et le prêtre vous manifeste le pardon de Dieu, même si la contrition est imparfaite, même si la culpabilité est psychologique, même si la démarche est purement formelle et routinière…

 

Ph 1,18-19  Mais qu'importe ? Après tout, d'une manière comme de l'autre, hypocrite ou sincère, le Christ est annoncé, et je m'en réjouis. Je persisterai même à m'en réjouir,[19] car je sais que cela servira à mon salut, grâce à vos prières et au secours de l'Esprit de Jésus Christ qui me sera fourni ;

 

Dieu se sert même de nos défauts pour nous sauver.

Comme le Père accueille son enfant comme son Fils même s’il revient à lui pour de mauvaises raisons.

 

Comme le Père accueille son enfant comme son Fils.

Si on regarde de près le texte, on constate que c’est un enfant qui est parti mais un fils qui est retrouvé. Il est passé d’une relation immature à son père à celle d’adulte : il est comme un homme nouveau dans sa relation à son Père. Il est comme ressuscité :

Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ;

il était perdu, et il est retrouvé.’

 

On pourrait même traduire par « venu à la vie » et non pas « revenu », et « trouvé » et non pas « retrouvé », comme si l’enfant qu’il était avant n’avait pas encore véritablement vécu, n’était pas de venu lui-même…

Et c’est d’ailleurs là le drame de l’ainée. Il n’a pas vécu pour lui-même, il est resté effacé derrière son père. Il est resté un enfant, un être immature.

Remarquons que si la 2ème personne de la Trinité est désignée comme Fils du Père, Dieu Fils éternel de Dieu le Père, il n’est jamais désigné comme enfant dans cette relation divine

L’enfant Jésus n’est enfant que vis-à-vis de Marie et Joseph…

 

 Et si nous même nous sommes déjà enfants de Dieu, nous sommes cependant appelés à bien plus, à de venir ses fils et ses filles, à devenir nous-mêmes en devenant tel qu’il est.

1Jn 3,2 Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.

 Dieu veut que nous soyons des adultes dans notre relation avec Lui.

A qui nous identifions nous dans la parabole : à l’ainée dont on ignore le destin ? au cadet de retour à la maison ? au Père qui offre son pardon ? aux serviteurs ? aux invités de la fête ?

Il y a sans doute des moments dans la vie où l’on plus ou moins tel ou tel. Le seul qui ne change pas dans sa relation à nous, c’est Dieu qui nous aime et veut toujours nous pardonner.