Dimanche 29 mai 2016

St-Sacrement

Les textes nous invitent à comparer le récit de l’institution de l’eucharistie transmis par Paul avec le récit plus tardif de la multiplication des pains rapporté dans l’Évangile lucanien.

 

C’est une banalité que de dire que la ou les multiplications des pains accomplies par Jésus l’ont été avant son dernier repas et donc avant l’institution de l’eucharistie.

Il ne s’agit pas d’une eucharistie même si les rédacteurs des Evangiles dans le choix de leur vocabulaire en ont fait par la suite une relecture eucharistique.

 

La multiplication des pains est signifiante en elle-même indépendamment de la dimension eucharistique.

Multiplier des pains n’est pas me semble-t-il  humainement possible. Or le Fils éternel du Père en devenant l’un d’entre nous, Jésus, a renoncé à sa condition divine, à ses pouvoirs divins. Jésus ne peut donc pas par lui-même multiplier des pains.

Et c’est pourquoi il fait appel à Dieu son Père.

« levant les yeux au ciel »

 

Il fait appel au Père et l’invoque sur les pains et les poissons

« il prononça sur la bénédiction sur eux »

 

Cette bénédiction des aliments n’ayant de sens que dans leur consommation (d’où le soin à ne rein en gâcher) => qui en fait une bénédiction pour les consommateurs.

 

Sollicitude de Dieu qui n’est pas en relation avec nous de manière désincarnée mais dans le respect de notre réalité physique.

Pas de cœur à cœur avec Dieu sans passer par la réalité de nos corps (le nôtre et celui des autres).

Nous ne sommes pas que des corps mais nous ne sommes pas sans corps.

 

Au cours de son dernier repas, Jésus se donne lui-même en nourriture sous l’apparence du pain et du vin.

Il se donne lui-même et de lui-même. Il n’a pas besoin d’en appeler au Père.

 

Cependant, son offrande de lui-même accompli le dessein de salut du Père par lui pour l’humanité. Et c’est pourquoi Jésus commence par rendre grâce à Dieu.

« ayant rendu grâce » = en grec le mot eucharistie

 

L’eucharistie anticipe et participe du don par Jésus de sa vie sur la croix.

Lc 22,42 Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse !"

 

 Avec Jésus notre vie devient eucharistique lorsque nous accordons notre vie selon la chair, notre vie humaine, avec la volonté de Dieu.

 

Sollicitude de Dieu qui pour nous donner la force de vivre concrètement selon son désir, se donne lui-même en nourriture de la manière la plus corporelle qui soit : un peu de pain, un peu de vin.

Dieu ne nous demande pas de nier notre humanité mais de la sanctifier.

Pour nous rendre semblables à lui, il nous rejoint dans notre être de chair, il se fait nourriture pour nous.

 

Nous sommes la religion de l’incarnation.

Pas seulement parce que Dieu s’est incarné, s’est fait chair en Jésus.

Mais aussi parce que c’est dans l’intégralité de notre être de chair que nous sommes invités à vivre de la vie divine.