Dimanche 9 octobre 2016

28ème TO C : No man’sland

Qu’y a-t-il entre la France et la Belgique ? Rien.

Et même si il existe encore une frontière avec la Suisse, on ne peut pas dire qu’il y est comme une région entre nos 2 pays.

De même, géographiquement la Samarie touche la Galilée, pas de région entre les 2. On pourrait seulement dire à la rigueur que la Samarie elle-même est la région entre la Galilée et la Judée où se situe Jérusalem vers laquelle Jésus se rend.

Or             Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.

Et dans ce No man’s land, il rencontre des lépreux.

La Samarie.

Le Royaume d’Israël +/- unifié vers l’an 1000 BC par le roi David ne l’est pas resté longtemps puisque il s’est divisé en 2 en 930 lors de l’accession au trône de son petit fils. Ainsi apparaissent 2 frères ennemis, le royaume du Nord = Israël avec pour capitale Samarie (et son Temple) et le Royaume du Sud = Juda autour de Jérusalem.

 En 722, prise de Samarie par les Assyriens (Ninive) : la population est dispersée dans l’empire et remplacée par d’autres déportés venant de tout l’empire. Il en résulte un melting-pot culturel et un certain syncrétisme religieux.

Certes Jérusalem finira elle aussi par tomber en 587 aux mains des Babyloniens, mais ceux-ci après avoir déportés la population n’en implantèrent pas une autre à la place. Après l’Exil, Juda retrouvera son identité propre… et méprisera fortement les habitants de la Samarie à la foi impure.

 

La coupure politique est devenue identitaire et religieuse. On ne se parle pas, ne se fréquente pas : un fossé c’est comme creusé entre les 2, il y a comme un No man’s land entre Samaritains et juifs.

Jn 4,9  La femme samaritaine lui dit : "Comment ! toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ?" (Les Juifs en effet n'ont pas de relations avec les Samaritains.)

Les lépreux.

La lèpre est une maladie contagieuse qui obligeait à la mise à l’écart des malades afin d’éviter toute contagion. Exclu de la santé, le lépreux était aussi exclu socialement.

Mais comme beaucoup avait alors une religiosité fondée sur une justice distributive i.e. celle de la récompense ou de la punition et ce en ce monde, alors tout malade ou toute victime de calamité était considéré comme l’ayant d’une manière ou d’une autre mérité.

Jn 9 [1] En passant, il vit un homme aveugle de naissance.[2] Ses disciples lui demandèrent : "Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?"

 

En conséquence, le malade grave étant surement aussi un pécheur grave, se retrouvait aussi exclu de la communauté croyante, de toutes communautés croyantes.

Voilà pourquoi dans l’Evangile, les lépreux se trouvent symboliquement entre la Samarie et la Galilée, personne ne veut d’eux, ni dieux, ni hommes.

 

Jésus mettra un terme à cette exclusion en les guérissant puis en les envoyant voir les prêtres, ministres de la réintégration religieuse et sociale.

 

Quels sont les lépreux d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui comme hier une exclusion en entraine souvent une autre (dans un ordre ou dans un autre) : rupture familiale, chômage, précarité, santé (sans-dents)…

Le marginalisé i.e. celui que la société rejette en marge, dans le No man’s land comme un lépreux, est-il toujours accueilli au moins dans nos églises comme un frère ?

  

Si la rencontre avec Jésus a été possible, c’est que Jésus était en marche et en marche dans cette « la région située entre la Samarie et la Galilée. »

Le pape François ne nous invite pas à autre chose lorsqu’il nous invite à être une « Église « en sortie ». » Evangelii gaudium,24