Vendredi  Saint, 14 avril 2017 :  « il ne ressemblait plus à un homme »

« il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; »

 

or le propre de l’homme c’est d’être créé à l’image de Dieu.

Gn 1,26-27  Dieu dit : "Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, [.] Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.

 

Remarquons que si Dieu décide de faire l’humain à son image et à sa ressemblance, il ne le crée cependant qu’à son image… la ressemblance n’est pas donnée, elle reste un devenir.

En fait ce ne sera qu’au ciel, que nous deviendrons semblables à Dieu.

 

1Jn3,2 nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.

 

Oui, contemplant dans sa divinité Celui qui en Jésus est devenu semblable à nous,

« en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. »

 nous serons alors semblables à Lui.

Ainsi s’accomplira le dessein créateur de Dieu pour nous.

Comme l’écrivait Irénée de Lyon :

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu »

Jésus est Dieu qui s’est fait homme tout en restant Dieu : il est vrai homme et vrai Dieu.

En s’incarnant, il a renoncé à la ressemblance divine pour devenir semblable à nous : de nature divine, il a renoncé à sa condition divine pour assumer notre nature dans notre condition humaine.

Ph 2,7 Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes.

 

Puis,

S'étant comporté comme un homme,[8] il s'humilia plus encore,

obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix !

 

Il s’est enfoncé dans notre misère, dans notre souffrance

Tant qu’ « il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; »

 

Non seulement, comme tout homme, il ne ressemblait pas à Dieu.

Mais encore, il ne ressemblait plus à un homme… cependant qu’il restait un homme, un humain, un être créé à l’image de Dieu car telle est la nature inaliénable de tout être humain !

 

Cela on ne peut pas nous l’enlever.

Cela on ne peut pas le perdre.

 

Quoi qu’il ait fait, quoi qu’il ait subi, tout humain reste une image, une icône de Dieu.

Bien plus, c’est- peut-être dans l’abaissement le plus extrême, lorsqu’il ne ressemble plus à rien, que l’homme  devient le plus visiblement image de Dieu

car son apparence ne fait plus écran à ce qu’il est.

Ne détournons pas nos yeux de ceux qui souffrent, ni non plus de ceux qui font souffrir…

Par transparence ou par contraste, ils nous montrent la nature de l’homme et donc nous le révèle comme image de Dieu.

À Auschwitz, les SS pendirent deux Juifs et un adolescent devant les hommes du camp rassemblés. Les hommes moururent rapidement. L’agonie de l’enfant dura une demi-heure.

– Où est Dieu ? Où est-il ? Demanda quelqu’un derrière moi.

Comme l’enfant se débattait encore au bout de la corde, j’entendis appeler de nouveau :

– Où est Dieu maintenant ?

Et j’entendis une voix derrière moi :

– Où est-il ? Il est ici… pendu au gibet !      Élie Wiesel, in Night