Dimanche 29 octobre 2017

30ème TO A : être ouvert à l’épreuve

« les pharisiens apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens »

« Fermer la bouche » Voilà une expression qui sonne étrangement en français à moins que de passer au langage vulgaire…

 

Les Evangiles sont écrits en grec.

Et la langue vernaculaire en Israël était alors plutôt l’araméen.

 

Mais l’araméen était proche de l’hébreu, l’hébreu étant une langue très imagée.

Ainsi en hébreu, la bouche = la porte

que l’on peut donc ouvrir ou fermer…

 

ce rapprochement entre la bouche et la porte s’il n’existe pas en français de point de vue du vocabulaire existe encore cependant dans l’imagerie populaire.

 

Quant à l’expression française « clouer le bec » dans laquelle le bec désigne évidemment la bouche, elle n’est pas le témoin d’une pratique tortionnaire

Mais le résultat de la dérive sémantique du verbe « clore »…

 

Jésus ayant donc louer le bec aux sadducéens, non pas dans la péricope de dimanche dernier sur l’impôt dû à César mais à propos de la controverse sur la Résurrection des morts – passage omis dans la lecture dominicale suivie –

les pharisiens, partageant la foi de Jésus en la vie éternelle, viennent l’interroger « pour le mettre à l’épreuve ».

 

On est passé du « pour prendre Jésus au piège en le faisant parler » à « pour le mettre à l’épreuve ».

 

L’intention des pharisiens n’est plus négative. Il ne s’agit pas de faire choir Jésus mais de vérifier la solidité de sa pensée.

Sg 3,5 Dieu en effet les a mis à l'épreuve et il les a trouvés dignes de lui ;

[6] comme l'or au creuset

L’épreuve est ici qqc de positif : elle purifie celui qui est éprouvé.

 

L’épreuve porte sur le plus grand commandement et Jésus y répond avec 2 commandements semblables : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

J’aurais tendance à dire que Jésus s’est bien sorti de l’épreuve mais l’évangile ne dit pas quelle fut la réaction de son auditoire pharisien.

 

Dans le Notre Père, nous disons « ne nous soumet pas à la tentation ».

Or la tentation étant le premier pas vers le péché, Dieu ne peut certes pas nous l’envoyer ou nous y soumettre.

On aurait pu changer le mot « tentation » en le remplaçant par la notion d’ « épreuve ».

Il ne s’agirait pas alors de dire « ne nous soumet pas à l’épreuve » mais plutôt « ne nous laisse pas échouer dans l’épreuve » i.e. échouer à l’examen qui nous donnera le bon diplôme, le titre de bon chrétien.

On aurait pu modifier ainsi, je crois le NP ; c’est un autre choix qui a été fait –par des gens ayant fait leurs preuves-

Le premier dimanche de l’Avent : changement du texte français du NP

« ne nous soumet pas à la tentation » devient « ne nous laisse pas entrer en tentation »

 

La tentation est là, en nous. Il s’agit avec l’aide de la grâce de ne pas entrer sous elle, de ne pas nous laisser dominer par elle.

Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens et il l’a ouverte pour répondre aux pharisiens.

Que l’on l’ouvre ou qu’on la ferme, ce sera toujours bien si tant est que l’on ouvre toujours notre cœur à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain…