Dimanche 25 février 2018
2ème de carême B : se
laisser toucher
Quel était le récit de la première
lecture ? sacrifice d’Abraham, ligature d’Isaac… Un même évènement peut être lu de différente
manière. Ainsi en est-il du thème de méditation
qui nous est aujourd’hui proposé par le CCFD : « se laisser toucher ». |
« se laisser toucher » = se
laisser toucher par la misère de l’autre, se laisser atteindre, émouvoir… Le Carême est un temps privilégier
pour enlever la coque protectrice et dure qui recouvre jour après jour, imperceptiblement,
nos cœurs et nous rend plus ou moins insensibles, blasés, indifférents,
insensibles ou désespérés face aux drames qui nous entourent de près ou de
loin. Qui puis-je ? je ne peux pas
aider tout le monde / pour ce que cela change / il faut aussi que je me
protège/ … « Le pire » c’est que toutes
ces remarques sont justes et vraies ! humainement parlant. Se laisser toucher par l’autre qui
souffre c’est pour nous toucher Jésus dans son humanité souffrante, toucher
du doigt la croix. Il ne s’agit pas pour nous de prendre à notre compte la
souffrance des autres dans un semblant de compassion : Jésus l’a déjà
fait, il a vécu la passion et nous n’avons pas à nous prendre pour Dieu. Se laisser toucher en chrétien par l’autre
qui souffre c’est espérer contre toute espérance, c’est voir la gloire du
ressuscité dans le cadavre, c’est lutter contre la misère malgré l’inéluctabilité
de la mort par la foi en la Victoire de JC. |
De même
qu’Abraham était prêt à sacrifier son enfant car il croyait Dieu capable de
le lui rendre vivant cf. He 11,19 Même un mort, se
disait-il, Dieu est capable de le ressusciter De même nous devons nous laisser
toucher et agir contre toutes formes de mal car nous croyons que Dieu a déjà
vaincu le mal. |
« Se laisser toucher » = se
laisser toucher par l’autre dans notre misère, se reconnaître malade, pauvre,
dépendant… Le premier de tous les vices, c’est l’orgueil.
L’orgueil est une carapace qui nous isole des autres, nous place tellement
loin ou au-dessus d’eux que nous ne pouvons plus nous toucher mutuellement. C’est
d’ailleurs aussi vrai avec Dieu, on s’habitue fort bien à vivre sans Lui… Le Carême, comme lieu de privation et
d’efforts, est là pour nous rappeler à nos propres limites, toucher du doigt
nos propres lâchetés, nos propres misères, pour nous laisser toucher par la
miséricorde des autres et la compassion divine. Remarquons de ce point de vue-là ,
celui des privations, que les plus âgés d’entre nous et les malades en sont
naturellement dispensés car ils vivent déjà leur traversée du désert, pas
besoin de piqures de rappel aux « tamalou »… La déchéance de la maladie ou de la
vieillesse fait exploser de force la carapace de notre orgueil : devenir
dépendant jusqu’à se laisser toucher jusque dans son intimité pour les soins
du quotidien, il n’y a sans doute pas de plus grande blessure narcissique, de
plus violente école d’humilité… Se laisser toucher en chrétien par l’autre
qui prend soin de nous c’est voir la gloire du ressuscité dans notre propre
cadavre et c’est voir Dieu à notre chevet à travers le soignant croyant ou
non. |
Il existe un débat actuel sur la
maitrise de la vie : que cela soit en sa conception ou en sa fin. Prudence :au nom de la dignité
humaine, l’humanité risque de perdre plus que sa dignité, elle risque d’y
perdre de son humanité même. |
Dressons donc trois tentes : La peur de
Pierre, sous couvert d’une bonne intention, le pousse à cacher l’objet de sa
peur sous le voile d’une tente, à l’installer loin de lui. La peur l’empêche de se laisser
toucher par la grâce de ce qui se passe. Mais remarquons aussi la délicatesse
alors de Dieu : Survint une nuée qui les couvrit de son
ombre, Dieu ne le
touche pas de force, il respecte sa peur… nos peurs. Viens
Seigneur, chassez nos peurs ! |