Dimanche 11 mars 2018

4ème de carême A : la justice est aveugle

Evangile de la guérison d’un aveugle né.

Quoi de plus injuste qu’une maladie, qu’un handicap, qu’une malformation, de naissance !

Mais on pourrait parler aussi d’une injustice dans le fait de naître à tel ou tel endroit du monde !

Celui qui nait riche et en bonne santé en France n’est pourtant pas plus méritant que celui qui naît pauvre et malade dans un pays en guerre ou du Tiers-monde…

Où est donc la justice ?

Par ailleurs on voit bien que dans la vie, le sort s’acharne parfois sur des « gens bien » tandis que des pourris réussissent.

Où est donc la justice ?

 

A l’époque de Jésus, les sadducéens qui ne croyaient pas en une vie après la mort, croyaient que Dieu nous rétribuait en bien ou en mal en fonction de nos mérites ou torts, soit directement soit dans nos descendants.

Cette compréhension de la justice divine ne convenait plus aux pharisiens d’où leur perplexité face à l’injustice flagrante de qq’un né aveugle… Et ils viennent donc interroger Jésus sur cette question, sur ce drame existentiel de la souffrance.

« qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »

 

A cela Jésus répond en déniant toute idée de rétribution en ce monde, en refusant tout lien entre malheur et péché :

« ni lui, ni ses parents »

C’est comme çà c’est tout, c’est la fatalité. Réponse on ne peut plus moderne.

 

Mais la suite de sa réponse est plus étrange :

« C’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »

 

En fait, cette réponse de Jésus ne concerne pas tant l’aveugle né que l’ensemble de l’humanité marqué dès sa conception par le péché.

Notre faiblesse, notre impuissance, nous rend dépendant du salut de Dieu ! Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes ; mais Dieu manifeste sa puissance et son amour en nous sauvant.

 

« autrefois, vous étiez ténèbres : maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière »

 

Le baptême est comme une nouvelle naissance à la lumière divine : nous sommes purifiés de nos péchés, de nos infirmités, pour vivre vraiment de Dieu.

 

Au-delà de ce qui est innée_ bien ou mal, il y a aussi la question de la réussite ou non dans la vie.

« comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » i.e. de grandes et belles choses.

 

En fait, cette phrase peut être malheureusement parfois retournée :

« comment un chrétien peut-il accomplir de telles horreurs ? »

Vivants de la vie de Dieu, nous ne devrions accomplir que le bien ! or ce n’est pas le cas.

Sans doute par manque de foi.

« crois-tu au Fils de l’homme ? » demande Jésus à celui qui avait été aveugle.

Jésus lui pose la question, nous pose la question, car il ne suffit pas d’avoir été guéri, purifié, baptisé, sauvé, pour croire. « Crois-tu au Fils de l’homme ? »

 

Le critère ultime à cette question est dans notre capacité concrète à nous aimer les uns les autres.

1 Jn 4,20 Si quelqu'un dit : "J'aime Dieu" et qu'il déteste son frère, c'est un menteur

Soyons toujours des révoltés i.e. des prophètes contre toutes formes de mal et d’injustice.

Notre combat manifestera la grandeur de l’amour de Dieu pour tout être humain.

Mais ne menons pas seuls ce combat où nous risquons de retomber dans les ténèbres et le désespoir ; ne menons pas seuls ce combat mais laissons l’Esprit Saint de Dieu le mener à travers nous.

C’est toute la symbolique de l’onction d’huile reçue à notre baptême et confirmation…