Dimanche 11 novembre 2018

32ème TO B : indigence vs superflu

1ère lecture et Evangile nous montre chacun une veuve donnant tout ce qu’elle avait pour vivre…

Dans le 1er cas : le Seigneur, par son prophète Elie, transforme son don ultime en source inépuisable pour elle, son fils, et Elie.

Dans le 2nd : Jésus honore la pauvre offrande comme plus signifiante que celles, pourtant plus élevées, de bien des riches.

Elles donnent toutes 2 tout ce qu’elles avaient.

 

Est-ce pour cela que leurs offrandes sont autant estimées ?

 

2Co 8,13-14  Il ne s'agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, mais d'établir l'égalité. En cette occasion, ce que vous avez en trop compensera ce qu'ils ont en moins, pour qu'un jour ce qu'ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins : cela fera l'égalité

 

Organisant une collecte pour venir en aide aux croyants tombés dans la misère _ en particulier pour certains, du fait d’avoir donné tous leurs biens en partage, convaincus du retour imminent du Seigneur _ Paul invite les corinthiens à une charité certes généreuse mais prudente : ils doivent conserver de quoi vivre eux-mêmes ! et ne se départir que de ce qu’ils ont « en trop ».

 

 « en trop » : notion assez vague.

Car où se délimite le nécessaire ? le nécessaire des uns n’étant pas forcément celui des autres ;  ou plutôt l’appréhension de ce qui est nécessaire…

 

Certains n’ont jamais assez ; d’autres se contentent de peu.

Paul ne fixe pas un seuil ni un taux précis.

Hier comme aujourd’hui, chacun est invité librement à s’interroger sur sa manière de vivre et à la remettre éventuellement en cause.

 

D’un point de vue paulinien, les 2 veuves des textes du jour, semblent outrepasser la raison dans leur charité puisqu’elles donnent même ce qu’il leur faudrait garder pour survivre.

Cependant, ce serait une erreur de se focaliser sur la nature ou le montant de ce qu’elles ont donné.

 

Leur offrande à chacune est agrée par Dieu parce qu’elles sont en substance  l’offrande leur vie.   

Jn15,13 Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime.

 

(ce pourquoi nous honorons d’ailleurs encore aujourd’hui nos morts de 1914-1918)

 

L’argent nous permettant de vivre devient le symbole de la vie elle-même.

C’est d’ailleurs ce pourquoi à la messe nous faisons une collecte financière que nous apportons au pied de l’autel. Cet argent y représente l’offrande de nos vies.

 

Gn 4 [3] A la fin de la saison, Caïn apporta au SEIGNEUR une offrande de fruits de la terre ;

[4] Abel apporta lui aussi des prémices de ses bêtes et leur graisse. Le SEIGNEUR tourna son regard vers Abel et son offrande, [5] mais il détourna son regard de Caïn et de son offrande

 

Pourquoi Dieu a-t-il agréé l’offrande d’Abel et refusé celle de Caïn ?

 

Je crois que toute la différence réside dans le seul possessif « ses ».

Abel offre de « ses » bêtes i.e. quelque chose de lui ; tandis que l’offrande de Caïn lui reste étrangère, « des fruits de la terre ».

L’un offre du superflu et l’autre de son indigence.