Dimanche
14 juillet 2019
15ème
TO C : qui est mon prochain ?
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu [.]
et ton prochain comme toi-même. » Tel
est le résumé de la Loi qu’en fait avec raison l’interlocuteur de Jésus. L’amour
de Dieu et l’amour du prochain ne sont pas une nouveauté chrétienne mais sont
au cœur même de l’enseignement juif. La
révolution avec Jésus c’est d’ans l’interprétation de « qui est mon
prochain ? » |
Les
juifs ont longtemps été comme un ilot de monothéisme risquant d’être noyés,
assimilés par la multitude polythéiste. D’une certaine manière, les juifs
d’aujourd’hui sont confrontés au même danger en tant que minorité religieuse… Dans
un tel contexte se développe naturellement une sorte de « préférence
nationale », de solidarité clanique : le « prochain » ou
le « frère » est avant tout un co-religieux juif même si cela ne
veut pas forcément dire qu’il faille maltraiter les autres… Lv
19,18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les
enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Dt
15,3 Tu pourras exploiter l'étranger, mais tu
libéreras ton frère de ton droit sur lui. |
1ère
révolution avec Jésus : à la question « et qui est mon prochain ? », Jésus
répond en parlant d’un étranger, un non-juif, un Samaritain. A
la suite de Jésus, Charles de Foucauld développera la notion de frère
universel. |
Ceci
étant et mis à part les notions de discrimination de toute sorte, « qui est mon
prochain ? », qui est-il celui que je dois aimer comme
moi-même ? Suite
à l’audition de la parabole, on pourrait être tenté de répondre, que c’est
tout pauvre, tout blessé de la vie que Dieu met sur notre route. Mais
face à la misère du monde, il y aurait peut-être là de quoi désespérer et
baisser les bras… En
fait, Jésus ne présente pas le blessé comme le prochain à aimer mais demande
au docteur de la Loi qui «
a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ». Réponse
évidente, la samaritain, « celui
qui a fait preuve de pitié envers lui ». |
2ème
détournement de la notion de prochain par Jésus : le prochain n’est pas
d’abord celui que l’on va aider mais celui qui va l’aider. « aimer
son prochain comme soi-même » se rapproche alors de la vertu de reconnaissance,
de gratitude. Ce qui rejoint la grande tradition chrétienne de prière pour
les bienfaiteurs. |
Cependant,
Jésus n’en reste pas là. Jésus
lui dit :« Va, et toi aussi, fais de même. » Il
invite alors le docteur de la Loi à se faire l’imitateur du bon samaritain de
la parabole et à se faire lui-même le bienfaiteur, le prochain des autres. |
3ème
pirouette sémantique de Jésus qui retourne
le détournement précèdent. Avec
Jésus, la question n’est plus seulement « qui est mon prochain ? » mais
« comment me faire le prochain des autres ? » |
Voir
dans tout homme blessé son prochain à aider est une bonne chose mais vu
l’état du monde on risque de passer sans cesse du prochain au suivant. Rechercher
son prochain dans nos bienfaiteurs, permet à la fois de ne pas se croire
autonome et suffisant et à la fois de ne pas vivre dans l’assistanat et le dû
mais dans le don redevable, dans la grâce qui devient elle-même bénédiction. Finalement,
le modèle du prochain c’est Dieu lui-même : il nous a tout donné et
c’est fait pour nous mendiant d’amour. |