« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.

Certains m’ont reproché lors du décès de mon papa d’avoir laissé l’archipel plusieurs dimanches sans prêtre…

Question : se mettre au service de Dieu, être disciple du Christ, dispense-t-il des commandements divins tel « tu honoreras ton père et ta mère » ?

Le texte grec original, ignorant la notion de superlatif ou de préférence, est encore plus fort.

ou misei

BJ :  Lc 14,26  "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

L’absurdité même d’une lecture littérale appelant à la haine par fidélité du Christ nous invite à un peu de discernement.

Dieu est amour, il est l’amour.

Dieu aime tout être humain, malgré son péché, fût-il le plus grand des pécheurs ; bien plus, Dieu, qui aime toute sa création, aime encore et à jamais jusqu’à Satan qui pourtant refuse irrémissiblement son amour.

Dieu est amour, il ne peut qu’aimer (aimer les êtres et non pas leur comportement bien sûr) .

Tout appel à la haine au nom de Dieu est le pire des blasphèmes, c’est même peut-être là le terrible blasphème contre l’Esprit dont parle Jésus :

Mt 12.31  je vous le dis, tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis.

Toujours est-il que s’il faut bannir toute forme de haine contre les personnes, il convient cependant d’avoir envers Dieu un amour de préférence absolu.

Mais comme le dit St Jean, 1Jn4.20

celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne peut pas aimer Dieu qu'il ne voit pas.

Bien plus, la seule vraie manière d’aimer Dieu c’est d’aimer les autres.

De les aimer comme soi-même par amour de Dieu, et donc aussi pour cela de s’aimer soi-même au nom de l’amour de Dieu pour soi.

Ceci étant dit, n’étant pas Dieu et ne pouvant aimer comme Lui tout le monde de manière vraie et égale, nous pouvons choisir d’aimer Dieu en privilégiant tel ou tel amour humain. 

C’est là le sens de toute vraie vocation :

-          Aimer Dieu d’abord, à travers son conjoint dans le sacrement du mariage

-          Aimer Dieu d’abord, au sien d’une communauté religieuse ou pastorale

BJ Lc 14,26  "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

Une lecture trop littérale a parfois entrainé de bons chrétiens à l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi et des autres.

Or il ne s’agit pas de cela. Il ne sert en particulier à rien d’ajouter des misères à celles qui malheureusement existent inévitablement. Il ne s’agit pas de se crucifier ou de crucifier les autres mais bien de porter sa croix, de porter nos croix, pour continuer à vivre, à avancer et être disciple de Jésus.

Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.