Dimanche 6 octobre  2019

27ème TO C : gouvernance

Bien-aimé, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains

 

Avec un certain anachronisme et une vision un peu étriquée de la grâce, « le don gratuit de Dieu » a été parfois confisqué au profit de ceux ayant reçus l’imposition des mains : les ministres ordonnés, en particulier les prêtres et les évêques…

A eux seuls, en vertu de cette imposition des mains revenait la charge de gouverner l’Église.

Seuls les prêtres et les évêques sont sacramentellement configurés au Christ pasteur.

Ils reçoivent avec l’ordination une grâce spéciale pour servir la portion du peuple de Dieu qui leur est confiée, pour la servir en la dirigeant et en la gouvernant, par-delà même leur propre limite car quand l’homme se tait alors la fonction parle.

Cependant, ce service ecclésial par la gouvernance, peut connaître des excès :

-          l’accompagnateur spirituel devient alors un directeur de conscience puis un dictateur de la conscience ;

-          l’évêque prétend régenter tous et tout dans tous les domaines…

 

C’est là sans doute l’origine du grand conflit apparu en 1835 entre Anne-Marie JAVOUHEY, fondatrice des Sœurs de St-Joseph de Cluny et l’évêque d’Autin, Mgr TROUSSET D’Héricourt, « ancien officier de cavalerie qui aurait pu mettre la cravache dans ses armes, tant il aimait que les choses allassent au trot et de front, comme à la parade, dans son diocèse » p185. « Il se voyait déjà supérieur général de la Congrégation » p186 fondée par AM JAVOUHEY.    Anne-Marie JAVOUHEY, audace et génie, par André MERLAUD, ed. S.O.S., 1976

Or, si elle était prête, pour le bien commun, à en abandonner à une autre la direction, AM JAVOUHEY, refusait qu’on portât atteinte à ses Statuts et par là à son âme même…

Finalement, c’est la Bhse AM JAVOUHEY qui eut le dessus dans ce malheureux conflit d’autorité.

Certes seuls les prêtres et les évêques sont sacramentellement t configurés au Christ pasteur,

Mais c’est aussi tout baptisé qui est configuré sacramentellement au Christ Jésus.

 

Il n’y a pas que l’imposition des mains à l’ordination qui confère la grâce, il y a aussi imposition de la main lors du baptême et imposition des mains à la confirmation…

De plus, si l’imposition des mains confèrent la grâce, le don de la grâce lui ne s’enferme pas à la seule médiation de l’imposition des mains.

 

Le plus grand don de la grâce c’est la foi.

Et c’est la foi, même une foi imparfaite,  qui légitime tout, permet tout, rend tout possible.

Le Seigneur répondit :
« Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde,
vous auriez dit à l’arbre que voici :

‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi.

 

La foi d’AM JAVOUHEY n’a peut-être pas déplacé d’arbre dans la mer, mais elle a permis de transplanter l’arbre de la Croix par-delà les mers : à la Réunion, au Sénégal, en Guyane, à St-Pierre-et-Miquelon etc…

 

La gouvernance de l’Église reste encore aujourd’hui l’apanage des clercs mais je n’oublie pas qu’il fut un temps pour les cardinaux pouvaient être laïcs ou désignés par des laïcs (hommes ou femmes)…

Quoi qu’il en soit, le plus important, quel que soit le lieu où s’exerce l’autorité ou la forme qu’elle prend, c’est de se rappeler que la gouvernance est avant tout un service à rendre.

quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites :
‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ »