Dimanche 19 janvier 2020

2ème TO A : lecture difficile

Les textes originaux du Nouveau Testament nous sont parvenus en grec, écrits _ par économie de papyrus ou de parchemin _ dans une écriture liée, sans majuscule ni espace entre les mots ni ponctuation….

Cela n’en facilite pas toujours la réception claire.

 

La place d’une simple virgule peut changer le sens d’un texte.

Et c’est pourquoi, la proclamation de la Parole de Dieu est un service liturgique important et confié par endroit à des ministres formés et reconnus.

 

Prenons le cas de la 2ème lecture de ce dimanche, péricope de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.

Lorsque je l’ai lu une première fois cette semaine pour préparer cette homélie, je me la suis lue ainsi :

à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints,
avec tous ceux qui, en tout lieu,
invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ,
leur Seigneur et le nôtre.

 

Il m’est alors apparu une certaine contradiction dans la formule

à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints

 

sanctificare   = santus facere = faire saint.

ils ont été sanctifiés – au passé- ou sont cependant appelés à l’être – au futur –

 

C’est donc qu’ils auraient perdus la sainteté donnée et qu’ils leur faillent la recouvrer.

La sainteté devenant ici l’équivalent de la perfection, de l’état de grâce dans lequel nous met le baptême.

 

Ac 2.38 Pierre leur répondit : " Convertissez-vous : que chacun de vous reçoive le baptême

au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit.

 

Or il suffit de se regarder soi-même pour voir que l’état immaculé qui était le nôtre au sortir du bain du baptême n’a pas duré : nous sommes tous retombés dans le péché.

 

Le problème avec cette lecture c’est que l’on fait de la sainteté le synonyme de la perfection, au risque d’idéaliser la vie des saints jusqu’à en faire un conte de fée inaccessible au commun des mortels.

Certaines vies de saints écrites autrefois sont ainsi tellement édulcorées qu’elles semblent commencer en disant : « dès sa naissance il était si pieux que bébé il faisait le signe de croix sur le sein de sa mère avant que de téter ».   Ridicule.

 

Relisant avec plus d’attention le passage de Paul concerné, j’ai repéré mon erreur de lecture, ayant « mis » une virgule au mauvais endroit.

 

à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus
et sont appelés à être saints avec tous ceux qui, en tout lieu,
invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ,
leur Seigneur et le nôtre.

 

Il ne s’agit plus d’ « être appelés à être saints » mais de l’être « avec tous ceux qui »…

 

Les premiers chrétiens avaient une vive conscience d’avoir été sauvés par le Christ Jésus, et que dans sa mort et sa résurrection le Christ avait voulu sauver le monde entier.

 

Col 1.22 maintenant Dieu vous a réconciliés grâce au corps périssable de son Fils, par sa mort,

pour vous faire paraître devant lui saints, irréprochables, inattaquables.

 

Certains avaient déjà concrètement accueillis ce salut par le baptême et osaient s’appeler entre eux les « saints » sans aucune prétention à perfection ou à une vie totalement sans péché.

 

Col1.1-2 Paul, [.][2] aux saints de Colosses

 

Certains donc ont déjà accueillis la sanctification par le baptême mais c’est bien la multitude qui est appelée à être sanctifiée en Jésus Christ.  

 

La sainteté n’est pas synonyme de perfection mais de salut donné et reçu, pour l’éternité.

La sainteté est participation à la vie de l’Eternel, elle est divinisation.

 

En cours de Français, on pratique l’étude de texte : car savoir lire ( = niveau CM2)  ne signifie pas que l’on comprend ce qu’on lit.

Si l’étude de texte est nécessaire envers les textes profanes, combien plus cela l’est-il pour les textes sacrés.

 

Frères et sœurs, que vous proclamiez la Parole de Dieu à l’assemblée ou que vous la receviez, je vous invite instamment à lire à l’avance et sérieusement les lectures dominicales.

Que L’Esprit Saint qui est Dieu nous en éclaire la compréhension.