Dimanche 15 mars 2020
3ème de Carême A : la
petite histoire dans la grande
Pour comprendre l’Evangile
d’aujourd’hui, il faut nous replacer dans le contexte, dans l’histoire de
l’animosité entre juifs et samaritains. |
Si les juifs considèrent globalement
le territoire d’Israël comme leur terre, la terre promise, ils se rappellent
cependant l’époque où ils n’étaient pas encore véritablement un peuple et
n’avaient pas de patrie. Abraham est originaire d’Ur en
Chaldée. Jacob est resté un nomade même s’il a
acheté un petit beaucoup de terrain pour 100 pièces d’argent et y avait sans
doute creusé le puits dont parle l’Evangile. Les hébreux ne deviennent
véritablement un peuple, le peuple juif, qu’avec la sortie d’Egypte et la
conquête militaire de ce qui deviendra alors leur patrie (sauf « la
bande de Gaza » où continue à vivre des descendants de Philistins). Israël, divisé en 2 après Salomon
entre Royaume du Nord = Israël, capitale Samarie et Royaume du Sud = Juda,
capitale Jérusalem, connaitra plusieurs invasions. ·
Historiquement, en -722, les Assyriens conduits
par Salmanazar V puis Sargon II détruisent
Samarie mettant fin du même coup au royaume d'Israël. Une partie de la population est emmenée en exil, éparpillée dans
l’empire assyrien tandis que des habitants de tout l’empire sont implantés à
leur place. Les deux Livres des
Rois accuseront
par la suite la population de Samarie d'être composée de colons venus d’ailleurs
et convertis à une religion hébraïco-païenne. Les Samaritains affirmeront
toujours être les purs descendants des 10 tribus ayant
habité le royaume de Samarie, et rejetteront toute accusation de paganisme. ·
Le royaume de Juda lui tiendra jusqu’à la prise de Jérusalem en 587 et
586 avant av. JC par les Babyloniens qui déporteront massivement la
population à Babylone mais sans les remplacer sur place. Cet Exil prendra fin 50 ans plus
tard : ce sont les juifs de Galilée et de Judée qui seront à nouveau
chassés de leur patrie par les Romains ( après 135, Jérusalem est
sous le nom de Ælia Capitolina, est une colonie romaine
entièrement païenne où l'accès était interdit aux Juifs sous peine de mort.) Quant aux Samaritains, ils ne seront
pas épargnés non plus par les vicissitudes de l’histoire, leur Temple sur le
Mont Garizim détruit en -108, le sera de nouveau et définitivement en 484…
Ils sont aujourd’hui moins de 1000. |
Je trouve que l’histoire de notre
archipel présente en condensé quelques similitudes avec celle d’Israël : ·
Les pêcheurs
saisonniers sont l’équivalent des éleveurs nomades qui
comme eux ils finirent par s’installer à demeure ·
Les anglais
furent à la fois nos assyriens, nos babyloniens et nos romains : la
grande Tribulation // la grande Déportation ·
L’archipel
semble parfois divisé en 2 royaumes, Miquelon et St Pierre, Etc..
|
« Comment ! Toi, un Juif, tu me
demandes à boire,à moi, une Samaritaine ? » Jésus, le bon juif, dépasse les
interdits psychologiques, religieux et politiques de son époque : il
sait que « Dieu est esprit, et ceux qui
l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » « En esprit et vérité »,
c’est-à-dire en allant par-delà les divergences culturelles et les animosités
possibles par ailleurs. |
Notre défit comme croyants, comme
chrétiens, c’est de vivre l’unicité de l’Eglise et son universalité (ou
catholicisme) dans la diversité des manières de l’exprimer : s’enrichir
des différences au lieu d’en faire des divergences. |
Nous avons tous nos samaritains et
sommes tous le samaritain de quelqu’un. Puissions-nous puiser à la source vive
de l’Esprit saint de Dieu la grâce de ne faire plus qu’Un en Lui, Lui qui est
Un dans la pluralité de sa divinité. |