Dimanche 26 avril 2020

3ème de Pâques : la fraction du pain

le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain.

 

La fraction du pain, formulation apostolique pour ce que nous désignions aujourd’hui comme la messe ou le sacrifice eucharistique.

La fraction du pain est le lieu par excellence où le Seigneur se fait reconnaître.

Lors de la consécration eucharistique, mémorial de la Cène, de la mort et de la résurrection de Jésus, le pain et le vin deviennent véritablement le Corps de Christ.

Le pain n’est alors plus du pain et le vin plus du vin.

Bien qu’en apparence ils n’aient pas changé.

 

Même un ange ou un démon mis en présence d’une hostie consacrée sans qu’il le sache ne saurait si celle-ci est consacrée ou non, ne saurait y voir une différence.

Ce n’est pas simplement par une hostie consacrée que le Seigneur Jésus s’est fait reconnaître des disciples en route vers Emmaüs mais par la fraction du pain i.e. non par le résultat mais par le processus, l’offrande, le sacrifice eucharistique.

C’est pourquoi, et bien que cela soit possible et se pratique de manière exceptionnelle (viatique, ADAP…), l’Eglise ne conseille pas la communion en dehors de la messe.

De même, le « rituel de l’eucharistie en dehors de la messe » n°82 précise concernant l’adoration eucharistique : « On veillera à ce que, dans ces expositions, le culte rendu au Saint-Sacrement apparaisse clairement dans la relation qui l'unit à la messe. »

 

Le Seigneur ne se fait reconnaître dans le pain consacré que s’il est connecté à la fraction du pain.

La Cène est participation à l’offrande que Jésus a faite de lui-même sur la croix.

C’est pourquoi, la fraction du pain est à mettre en parallèle avec un évènement singulier de la Passion du Christ d’après l’évangile selon St Jean chap. 19:

[33] Venus à Jésus, quand ils virent était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes,

[36]  cela est arrivé afin que l'Ecriture fût accomplie : Pas un os ne lui sera brisé.

 

La fraction du pain ne brise en rien le Corps du Seigneur ! il reste tout entier dans chacune des parties ; et il est aussi le même totalement présent dans chaque eucharistie célébrée de par le monde.

 

Il peut paraître un peu sadique de ma part de parler ainsi de l’importance de la  participation au sacrifice eucharistique alors même que la plupart des fidèles en est actuellement privée du fait du confinement.

Mais le Corps eucharistique n’est pas le seul mode de présence matérielle du Christ en ce monde : nous sommes aussi le Corps du Christ, membres chacun pour sa part de son Corps qui est l’Eglise.

1Co12 [26]Un membre souffre-t-il? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l'honneur? Tous les membres se réjouissent avec lui.

[27]Or vous êtes, vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part.

 

Nous sommes tous en Christ un seul corps ! lorsque les membres que nous sommes, l’abbé Rony et moi-même, communions, c’est tout le Corps qui est nourri, alimenté, sanctifié.

 

La privation actuelle à la communion eucharistique doit être pour nous une occasion à la fois de mieux comprendre la douleur de ceux qui en sont privés de manière habituelle pour une raison ou pour une autre (absence de prêtre, rupture sacramentelle…) ; mais aussi de mieux percevoir de quelle grâce nous faisons bénéficier l’ensemble du Corps ecclésial lorsque nous communions.

Rien n’est plus intime et moins individuelle que la communion au Christ !