Homélie du dimanche 30 août 2020

22ème TO A : infaillibilité pontificale

Dimanche dernier en Mt 16,19  Jésus disait à Pierre :

 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux 

Aujourd’hui, toujours en Mt 16 mais au verset 23,  Jésus dit au même Pierre :

« Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

 

Comment concilier la remise des clefs avec la faillibilité de Pierre et infaillibilité pontificale ?

1er solution :

En Mt 16.19 Jésus dit à Pierre

Je te donnerai les clés du royaume des Cieux

Et non pas « tiens, voici, je te donne les clefs du royaume des Cieux »

 

Jésus parle à Pierre au futur.

En effet, il ne peut donner à Pierre que ce qu’il a or ce n’est qu’après sa mort et sa résurrection que Jésus sera rétabli dans sa royauté et ce n’est qu’alors et donc plus tard, postérieurement au péricope évangélique d’aujourd’hui, que Pierre recevra les fameuses clefs du Royaume des cieux.

 

Pas de contradiction donc avec le dogme de l’infaillibilité pontificale puisque les égarements (au pluriel car il y en aura d’autres) de Pierre sont antérieurs à la remise des clefs.

A Marennes, ma paroisse précédente, dans un milieu longtemps à majorité protestante, l’église catholique est placée sous le patronage de St Pierre.

Un magnifique vitrail dans le chœur décrit les évènements majeurs de la vie de l’apôtre. Cependant, je soupçonne l’artiste d’avoir instillé dans son œuvre quelques éléments antipapistes : en particulier, il fait remettre visiblement et en main propre une clef à Pierre par Jésus et ce, juste avant sa défection… 

Manière subtile de contester l’autorité du pape.

2ème solution pour concilier « le pouvoir des clefs » avec le dogme de l’infaillibilité pontificale.

Le pape n’est pas infaillible ordinairement.

C’est l’Église, dont le Christ est la tête, qui, par grâce de l’Esprit saint de Dieu, ne saurait errer gravement et durablement dans son ensemble.

Cette inerrance générale de l’Église s’exprime en particulier en son pasteur terrestre, le pontife romain, successeur de Pierre et chef du collège des apôtres, lorsqu’il proclame « par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs ». CEC 891

Autrement dit, il faut que le pape manifeste clairement son intention et ce dans les seuls domaines de la foi et des mœurs.

 

Dans tous les autres domaines, et même dans ces domaines précis ordinairement, le pape est faillible, comme nous, et comme Pierre l’était…

Notons que depuis sa définition et sa proclamation officielle en 1870 au 1er Concile du Vatican, cette procédure n’a été utilisée qu’une seule fois, histoire d’en affirmer la validité, par le pape Pie XII, à l’occasion de la proclamation de l’Assomption de Marie.

A mon avis, une telle procédure ne saurait être trop utilisée car d’un usage proche de l’argument d’autorité dont la valeur probante est sinon la plus faible du moins la plus contestable.

« transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu :ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. » Ro12.2

 

Dans l’Esprit Saint, cette règle de vie nous devons nous l’appliquer à nous même comme à notre Eglise « sancta simul et semper purificanda » Vatican II, Lumen Gentium G°8 (à la fois sainte et toujours appelée à se purifier)