Homélie du dimanche 24 mars 2024, Rameaux,
1er évangile Mc 11,1-10 :
Jésus arrive enfin à Jérusalem. A son
arrivée, il est acclamé comme le Messie, successeur du Roi David. Malgré cela ou peut-être à cause de cela, il
sera mis à mort quelques jours plus tard sous les haros de la foule. |
Israël est sous le joug de l’occupation
romaine. Le peuple aspire à la liberté. Il attend un
Messie libérateur et donc guerrier. Il croit avoir reconnu en Jésus ce sauveur
militaire tant espéré et s’est préparé à l’accueillir comme il convient… Ils ont probablement pour certains des armes
blanches à portée de main pour participer à la prise de pouvoir de Jésus et
s’en servent d’ailleurs pour couper des feuillages pour l’acclamer. Seulement voilà, Jésus se présente à eux non
comme un guerrier sur son fier destrier mais humblement monté à califourchon
sur un simple ânon. Ils amenèrent le
petit âne à Jésus, Après les cris d’enthousiasme, quand leur
ferveur exaltée retombe, c’est la douche froide et le sentiment d’avoir été
trahi… Et ils vont alors eux-mêmes le trahir tel
Judas. Leur amour va se changer en haine et ils la déverseront contre Jésus
devant Pilate en hurlant « Crucifie-le ! ». Mais avec une rage toujours prête à
rebasculer dans la ferveur : Qu’il descende
maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons
et nous croirons. » |
Il eut été plus simple en apparence pour
Jésus d’endosser le vêtement de chef de guerre qu’on lui avait préparé plutôt
que de s’asseoir dessus. Mais Jésus a refusé le simplisme sans issue de la
réponse violente même dans le contexte de l’agression romaine. Il a préféré
en passer par la défaite de la croix pour finalement remporter la victoire
totale non pas sur l’occupant mais sur le mal lui-même. |
En amour, il n’y a pas de vainqueur s’il
existe un vaincu. Et la
guerre, il n’y a que des perdants. Avec la foule à l’entrée de Jérusalem mais
déjà comme le centurion au pied de la croix, acclamons en Jésus le règne qui
vient « Vraiment, cet homme était Fils
de Dieu ! ». |
Homélie du dimanche de la Passion, 24 mars 2024 : Christ ?
Le grand prêtre
l’interrogea de nouveau : A. « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu
béni ? » Il est plus que probable que le Grand Prêtre
ait interrogé Jésus en hébreu ou en araméen avec la terminologie de Messie. Le grec Cristo.j en est
l’équivalent mais il porte étymologiquement en lui une dimension
supplémentaire celle de l’onction d’huile ou chrismation. Les prêtres, les prophètes et les rois
pouvaient certes recevoir éventuellement une onction d’huile consécratrice,
et donc aussi le Messie attendu puisque cumulant plus ou moins en lui toutes
ses fonctions. Cependant, Jésus, a priori, n’a pas reçu
d’autre onction que celle de Béthanie, onction profane sanctifiée par son
bénéficiaire : L. Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon
le lépreux. De nos jours, les disciples de Jésus portent
encore à sa suite le titre de Cristo.j ou chrétien et par delà l’onction
spirituelle du baptême, cela est autant que possible signifié matériellement
par une onction d’huile. En fait, dans notre tradition catholique,
nous distinguons liturgiquement 3 huiles saintes différentes. |
L’huile
des malades : « pour soulager le
corps, l’âme et l’esprit des malades, pour chasser toute douleur, toute
maladie, toute souffrance physique et morale ». Il ne s’agit pas tant de faire disparaître
la douleur elle-même que de conforter le malade en Christ, afin qu’il ne se
sente pas seul et abandonné dans son épreuve ; que s’il en vienne à
crier comme le Christ en croix X « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », Le souffrant vive aussi ce psaume 22 en
Christ jusqu’à l’ultime [23] Je vais redire ton
nom à mes frères et te louer en pleine assemblée : [ .] [25] Il n'a pas
rejeté ni réprouvé un malheureux dans la misère ; il ne lui a pas caché sa
face ; il a écouté quand il criait vers lui. |
Réservé au cas de maladies ou d’opérations
graves ou d’étapes importantes dans le vieillissement, le sacrement de
l’onction des malades peut être reçu plusieurs fois, sur le front puis sur
les mains. |
L’huile
des catéchumènes nous rappelle l’huile des lutteurs
grecs… « symbole de vigueur », source de
force, d’intelligence et d’énergie pour aider les futurs baptisés qui
« s’engageront de grand cœur dans les luttes de la vie
chrétienne ». |
Réservé en pratique aux catéchumènes
adultes, ceux-ci ils en reçoivent autant de fois que nécessaire l’onction sur
les deux mains, sur la poitrine ou encore d’autres parties du corps. |
Le Saint
Chrême, l’huile sainte par excellence, mélange
d’huile d’olive et de parfum, pour que « ceux qui en recevront l’onction
en soient pénétrés au plus profond d’eux-mêmes et rendus capables d’obtenir
le salut ». Ce Saint Chrême, cette huile sainte nous
christifie. Elle configure le baptisé au Christ, Fils de
Dieu, par une onction sur la tête comme à Béthanie. Elle configure le prêtre au Christ, pasteur
immolé, par une onction sur la paume des mains : mains qui bénissent et
qui consacrent, et mains transpercées sur la croix. |
Réservée à l’œuvre irrémissible de
configuration au Christ, c’est une onction unique et définitive. A noter que le Saint-Chrême sert aussi à
consacrer l’autel car celui-ci, dans l’eucharistie, personnifie le
Christ. |
Le dimanche suivant Pâques, l’onction des
malades sera proposée aux cours des eucharisties pour ceux qui souhaiteront
la recevoir. Je les invite à s’y préparer spirituellement tous spécialement
en venant s’ils le peuvent participer à la messe chrismale au cours de
laquelle lundi à 18h en la cathédrale St-Pierre de Saintes, Mgr Jacolin,
évêque administrateur de notre diocèse, consacrera les 3 huiles
saintes : huile des malades, huile des catéchumènes et Saint-Chrême. D’ailleurs, tous, n’hésitons pas à nous y
associer pour demander au Seigneur de raviver en nous les grâces
christifiantes de notre baptême et en ce qui me concerne de mon ordination
sacerdotale. |