Homélie du vendredi saint, 29 mars 2024 : il fut exaucé

Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair,
offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications
à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé

 

« Il fut exaucé » certes, je veux bien le croire, mais il a cependant souffert le martyre jusqu’à la mort !

 

A quoi sert donc la prière et pourquoi le mal ?

Jésus lui-même à prier et à enseigner à ses disciples à prier : il est donc bon de prier.

Quant à savoir si la prière est utile, il ne faut surtout pas en douter même si son utilité est rarement mesurable à l’aulne de la seule efficacité visible ou matérielle.

 

Dieu n’a évidemment pas besoin de nos prières voire de nos cris pour entendre et savoir nos misères et nos besoins.

Nos prières ne servent à faire bouger Dieu mais elles servent à changer nos propres cœurs pour accueillir la grâce de Dieu qui dépasse et surpasse tous nos désirs.

 

Comme le dit  la préface n°4 du TO :

nos chants n'ajoutent rien à ce que tu es,

mais ils nous rapprochent de toi

Lettre de Jacques 5 [13]Quelqu'un parmi vous souffre-t-il ? Qu'il prie.

Quelqu'un est-il joyeux ? Qu'il entonne un cantique.

Quelqu'un parmi vous est-il malade ?[14] Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur.[15] La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis.

 

Le salut et le relèvement dont parle Jacques ne sont pas premièrement d’ordre physique, mais, sont en lien avec le pardon des péchés : il s’agit avant tout d’une guérison spirituelle.

Nous le savons bien, le sacrement des malades n’est pas un baume magique de guérison: il fait plus que cela en unissant, en identifiant le malade au Christ souffrant, au Christ mourant, au Christ  victorieux.  

Mais alors pourquoi le mal et d’où vient-il ?

Pourquoi fallait-il que le Christ souffrît et mourût pour nous sauver ?

Pourquoi alors que le Christ a vaincu le mal, en subissons nous encore les affres, tant le mal physique que le mal moral, tant le mal de peine que le mal de faute ?

 

Pas d’autre réponse à cette question fondamentale que la contemplation de Jésus sur la croix, du Fils de Dieu immolé, de Dieu lui-même communiant jusqu’à l’extrême à nos souffrances.

Dieu n’est ni la source du mal ni indifférent à nos maux. En Jésus, Dieu a assumé jusque dans la mort notre humanité pour l’introduire dans sa vie divine par delà la mort.

 

Sans les limitations du péché et de la mort, l’humanité aurait pu se prendre elle-même comme principe de la divinité et en rester au niveau de la poussière dont elle a été tirée ; Dieu ne nous a pas envoyé le mal, mais Dieu le supporte avec nous pour notre bien, un bien au-delà de toute espérance humaine.

 

Demain soir dans l’exsultet pascal nous entendrons cet aphorisme magnifique :

« Bienheureuse faute de l'homme qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! »

Permettez-moi de conclure avec cette parole de Joseph, préfiguration du Messie, vendu en Egypte par ses frères et devenu par là-même cause du salut de sa famille :

Gn50.20 Vous avez voulu me faire du mal, Dieu a voulu en faire du bien