Homélie du dimanche 21 avril 2024 : bon pasteur

J’ai 2 poules au presbytère et j’en prends soin : je leur donne le gite et le couvert – autrement dit je nettoie leur poulailler et veille à ce qu’elles aient chaque jour de l’eau et des graines ; cependant, en échange, je leur pique leurs œufs et, le jour où elles n’en donneront plus, je les passerai à la casserole !

 

De même, normalement un éleveur, que ce soit d’ovins ou de bovins, prend certes soin de son troupeau mais ce n’est en réalité qu’une manière indirecte de prendre soin de lui-même : dans son propre intérêt, qu’il les exploite ou non pour leur lait, il mènera un jour ses bêtes à l’abattoir.

Voilà logiquement le comportement d’un bon éleveur et d’un bon volailler.

Il ne donne pas sa vie pour ses bêtes mais prend leur vie.

 

« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger,
qui donne sa vie pour ses brebis.

 

Jésus n’a rien d’un bon pasteur !

En réalité il convient de distinguer ici le bon du bien.

L’éleveur qui gère correctement son troupeau et l’exploite jusqu’à l’étal du boucher est un bon pasteur, un bon éleveur : il fait bien son travail.

Jésus, lui, en donnant sa vie pour ses brebis, est un bon pasteur pour elles : il fait montre envers elles de bonté. 

 

Le bien et le bon, ce n’est pas la même chose et les deux ne vont pas toujours ensemble.

 

Pate à tartiner au chocolat noisette : c’est bon mais ce n’est pas bien.

 

Jésus le bon berger donne sa vie pour ses brebis au lieu de prendre la leur comme son bien.

 

Avec Jésus ce n’est pas un simple renversement des valeurs qui s’effectue même si c’est là ce à quoi Israël s’attendait de la part du Messie :

« il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles ;

[53] les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides » Lc1

Au final, une simple révolution remplaçant les exploiteurs par les exploités et inversement et ne faisant pas disparaître l’exploitation, l’injustice, la misère.

 

Jésus va plus loin, au-delà, ailleurs.

Lui qui est Dieu, ne se contente pas de s’abaisser pour un temps à notre niveau et même plus bas que le plus vil des humains ; il ne nous offre pas non plus de prendre au final la place de Dieu : Lui qui est Dieu, il a assumé notre condition afin de nous donner d’avoir place avec Lui auprès du Père.

 

Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.

 

Notre divinisation n’enlève rien à Dieu mais ajoute à sa gloire en la faisant nôtre.

 

L’eucharistie en est la parfaite illustration :

Car ma chair est vraie nourriture et mon sang vraie boisson.

[56] Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.   Jn 6.55

Pour conclure : lors de la messe chrismale de 2013, le pape François invitait les prêtres à être

« des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ »

Demandons la grâce d’être lavé par le bain de l’Esprit Saint.