Homélie du dimanche 19 mai 2024, Pentecôtes : procession

l’Esprit de vérité qui procède du Père,

 

Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Le verbe « procéder » n’est guère utilisé dans la vie courante que dans son second sens de d’agir ou d’exécuter une action  = procéder à

ainsi le dentiste procède à une extraction dentaire / le commissaire de justice procède à une saisie / le jury procède à la remise des diplômes…

 

Mais, s’agissant de l’Esprit Saint, nous disons qu’il procède de, il procède du Père, du Père et du Fils, du Père par le Fils.

Pour comprendre cela, le mieux est de visualiser le substantif du verbe procéder i.e. la procession.

 

La procession tire son origine d’un lieu et tend vers un autre mais en s’étalant ; et si elle est suffisamment achalandée la procession peut atteindre son but sans avoir pour autant rompu avec sa source.

Ainsi en est-il de l’Esprit Saint : il vient du Père et en est distinct sans en être pour autant coupé.

 

  « il procède du Père et du Fils;

  avec le Père et le Fils,  il reçoit même adoration et même gloire » symbole de Nicée-Constantinople

 

Si vous êtes allé à Lourdes et avez participé à la procession aux flambeaux, on la voit, un moment,  qui s’étale sur l’esplanade, ayant déjà atteint son but sans avoir encore quitté sa base.

 

Ainsi en est-il de l’Esprit Saint : il vient du Père et en est distinct sans en être pour autant coupé.

En vérité, on pourrait dire la même chose quant au Fils éternel de Dieu vis-à-vis du Père.

Dieu le Fils vient du Père et en est distinct sans pour autant en être vraiment séparé.

Mais s’agissant du Fils de Dieu on exprime ce même mystère non plus en termes de procession mais d’engendrement : le Fils est l’éternel engendré du Père. Engendrement éternel et sans fin car Dieu est hors du temps et sans changement.

On ne dit pas du Fils de Dieu vis-à-vis du Père qu’il a été engendré mais qu’il l’est.

 

« engendré, non pas créé, consubstantiel au Père »   symbole de Nicée-Constantinople

 

Après avoir parlé d’engendrement et afin que d’éviter toute confusion naturaliste on précise que le Fils est consubstantiel au Père, qu’il partage le même et unique principe divin.

Pas de confusion possible avec l’ordre naturel de la création : on a ici non pas une mère mais un Père qui engendre et comme un cordon ombilical qui ne serait jamais rompu.

 

On ne dit pas du Fils de Dieu vis-à-vis du Père qu’il a été engendré mais qu’il l’est.

Nous croyons en un seul Dieu car la substance même de Dieu le rend unique.

Nous croyons en un seul Dieu qui nous a manifesté son être pluriel, qui s’est révélé à nous comme étant et Père et Fils et Esprit Saint, un seul Dieu en trois personnes divines :

le Fils est l’éternel engendré du Père et l’Esprit Saint procède à jamais de l’un et de l’autre. 

 

Nous le croyons par le même Esprit Saint qui nous a été donné et qui anime son Eglise ;

que l’Esprit Saint nous aide chaque jour à entrer un peu plus dans la compréhension de ce mystère  ineffable de la Trinité auquel nous croyons déjà sans le comprendre totalement.