dimanche 7 juillet 2024, 14ème TO B :
« ne te connais pas toi-même »
Jésus
enseigne avec sagesse dans la synagogue de Nazareth et il accomplit dans la
ville quelques guérisons et miracles… Or plutôt
que de rendre grâce à Dieu pour ses merveilles accomplies en Jésus, les
habitants de Nazareth se bloquent sur l’incongruité du fait que de telles
merveilles passent par un homme en apparence comme eux, l’un des leurs. Ils
savent qui est Jésus. |
Ils
connaissent Jésus. Ils savent, ou croient savoir qui il est, d’où il vient. Jésus est
l’un des leurs : il a vécu plus de 30 ans parmi eux _ si on se contente
de l’Ev. De Marc en faisant abstraction des autres Ev, on pourrait même
supposer qu’il y est né : « Jésus se rendit dans son lieu
d’origine »… C’est le
charpentier du village. On connait sa famille : sa mère ainsi que ses
frères et sœurs dont, notez bien, il
n’est pas dit d’eux qu’ils soient aussi enfants de Marie. (j’imagine
volontiers des enfants orphelins de Joseph nés d’un premier mariage). Toujours
est-il qu’on connaît Jésus : on sait que socialement parlant il n’est
rien. Ni noble (il est descendant de David comme nous le sommes presque tous
de Charlemagne en cherchant bien…), ni riche (ce qui ne veut pas dire
pauvre : il a un métier), ni de famille sacerdotale… Alors pour
qui se prend-il donc lui qui ose se faire l’interprète et l’instrument de
Dieu ? Plutôt que
de remettre en question ce que l’on croit savoir sur Jésus, on préfère
l’accuser de viser trop haut, d’avoir les chevilles qui enflent. |
C’est
d’ailleurs le risque qu’a connu personnellement Saul devenu Paul. les
révélations que j’ai reçues sont tellement extraordinaires (sans
parler de tout ce qu’il a pu faire et subir) que, pour
m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde (peu en importe la
nature) |
La
différence entre Jésus et Paul, c’est que Saul n’est Paul que par révélation,
par grâce divine tandis que Jésus est Dieu par nature. Paul n’a
pas à se glorifier de lui-même mais bien plutôt de ses faiblesses qui
permettent à Dieu de manifester sa gloire à travers lui. « Ma grâce
te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Jésus est
quant à lui la source de sa propre puissance même s’il l’a voilée de
faiblesse en assumant les limitations de notre nature humaine. |
Si Paul a
eu besoin qu’une écharde lui rappelle la faiblesse de sa nature humaine, Jésus lui,
a tellement assumé notre humanité, qu’il a pour ainsi dire eu
besoin que le Père lui rappelle par moment son être divin, son lien essentiel
à la Trinité. Ex. lors
de son baptême en Mc 1,11 : une voix vint des cieux : "Tu es mon
Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur." |
Ni Paul,
ni Jésus. Et pourtant, comme Paul le baptême nous a
christifiés ! Puissions-nous
dire un jour comme Paul : Ga2.20 ce n'est plus moi qui vis, mais le
Christ qui vit en moi. N’enfermons
pas les autres et ne nous enfermons pas nous-mêmes dans ce que nous croyons
connaître d’eux ou de nous, de nos talents ou de nos limites. Passons du
« connais-toi toi-même » à l’accueil du mystère qu’est chacun de
nous. Laissons à l’Esprit saint de Dieu la possibilité de nous
surprendre ! |