Homélie du dimanche 4 février 2024, 5ème TO B : mal, maladie et Malin

L’Evangile d’aujourd’hui mêle récits de guérisons et scène d’expulsion de démons.

Selon l’Ev de Marc, Jésus tout à la fois fait parfois un lien entre maladies et mal mais tout en distinguant aussi le mal des démons. 

1)      Cas de la belle-mère de Pierre

 

Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre.
Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever.
La fièvre la quitta, et elle les servait.

 

Rien de malin ici.

La belle-mère de Pierre est simplement malade et Jésus, en simple thaumaturge i.e. guérisseur, la guérit par sa seule volonté et en son seul touché.

Elle était malade. Il l’a guérit. Elle ne l’est plus.

 

La maladie ici semble neutre d’un point de vue peccamineux : elle n’est dite ni la conséquence d’un péché ni l’ouvre d’un démon.

Elle est cependant mauvaise non seulement en ce qu’elle fait du tort au malade mais encore l’empêche de servir Dieu.

Le mal matériel _ catastrophe, maladie_ est un mal généralement sans origine et qui frappe donc sans responsabilité, sans culpabilité, sans raison ni faute, sans justice, sans aucun sens.

2)      Cas de maladie en lien avec les démons

 

Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies,
et il expulsa beaucoup de démons 

 

Dans la mesure où la maladie nous diminue et nous fragilise, les démons non seulement s’en réjouissent mais peuvent en profiter pour prendre +/- pouvoir sur nous.

Les démons ne sont pas à l’origine de la maladie : le mal n’a aucun pouvoir créateur.

Mais ils profitent de nos malheurs pour nous faire du mal : pas besoin ici de parler de possession démoniaque avec des manifestations extraordinaires, il suffit aux démons d’utiliser le mal matériel ou physique qui nous touche pour insinuer en nous le véritable mal moral ou spirituel : rancune, amertume, jalousie, désespoir, colère etc.

 

En supprimant le mal matériel, en guérissant les malades, Jésus supprime en eux leur faiblesse face aux démons et expulse ainsi ces derniers.

La pauvreté est neutre en elle-même. Et peut même être occasion de vertu évangélique.

Mais la misère est un mal à combattre de toutes nos forces car elle peut rendre le miséreux méchant.

3)      Cas des démons sans maladie

 

Et il parcourut toute la Galilée,
proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

 

Pas trace ici de maladie ou de tare matérielle.

D’ailleurs l’expulsion des démons est mise directement en lien avec l’annonce de l’Evangile dans les synagogues.

 

Les démons ne détestent rien autant que Dieu et tout ce qui s’en approche, tout ce qui est saint ; mais, tant que règne la sainteté,  c’est là pour eux un combat perdu d’avance.

Jésus a connu les vains assauts du démon à Gethsémani ;

de même le saint curé d’Ars dont le lit était parfois  secoué sans conséquence par le « grappin ».

Les démons n’ont aucun véritable  pouvoir de nuisance par eux-mêmes.

Mais ils savent utiliser le mal commun, nos malheurs et nos faiblesses, pour nous pousser au Mal.

Combattre malheurs et injustices est ainsi le meilleur moyen d’exorciser en nous et autour de nous le Mal.

 

Que l’Esprit saint de Dieu nous donne d’agir concrètement pour un monde meilleur qui sera alors aussi un monde plus saint.