Homélie du dimanche 1 septembre 2024, 22ème
TO B, c’est la Tradition !
Vous n’ajouterez
rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, Moïse cherche à fixer de manière immuable la
foi et sa mise en œuvre pratique. Mais avec le temps, certaines formulations
de la foi se sont affadies, et certaines pratiques religieuses sont devenues
des rites sans aucun sens et parfois même aux effets pervers, ce que
dénoncera Jésus. Vous aussi, vous
laissez de côté le commandement de Dieu, |
Moïse invente et établit Sa tradition :
ce que l’on doit se transmettre de manière immuable et à jamais sans rien y
ajouter et sans rien y enlever. Manière de faire que l’on retrouvera plus
tard chez Paul puis dans la pratique de l’Eglise professante Ga 1.8 si quelqu'un, même nous ou un ange du ciel, vous
annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu'il
soit anathème ! L’idée est belle et l’objectif est saint. Cependant, le monde change et la langue
évolue. S’arcbouter sur une formulation ou une
pratique précise mais datée c’est prendre le risque à terme d’en dénaturer le
sens. Dans une société évolutive et usant d’une
langue vivante, même si le contenu de la foi doit rester
immuable, sa formulation et la manière humaine d’en
vivre ne peuvent qu’évoluer. |
Nous avons ainsi connu plusieurs traductions
françaises (toutes imparfaites et provisoires) du Notre Père : ·
Ne nous soumets pas à la tentation /
épreuve ·
Ne nous laisses pas succomber à la
tentation ·
Ne nous laisses pas entrer en
tentation Quant au CREDO on en est actuellement revenu
à « l’intemporelle » translitération latine
« consubstantiel au Père » ; moins sujette évidemment au
contresens en français mais pas forcément plus limpide… Ces changements, de traductions ou de
pratiques rituelles, ne se font jamais sans critiques parfois acerbes voire sans
créer des divisions et même parfois des schismes. |
L’enjeu est de réussir à discerner dans
l’Esprit Saint, ce qui est de l’ordre de l’immuable de la foi de ce qui est
de son expression et de sa mise en œuvre relatives à un temps, un lieu, une
société. Discerner la
Tradition des traditions. Notre Eglise, nous dit le saint Concile
Vatican 2, est « semper
purificanda » : toujours en voie de purification. C’est ainsi la
Tradition pour l’Eglise que d’évoluer dans ses traditions. Être à jamais la même, l’Eglise du Christ,
tout en évoluant pour accueillir son plein épanouissement en devenir en
Christ ; comme un être humain, à jamais lui-même, tout en grandissant
vers l’homme nouveau à travers les quasi inévitables crises de croissance. 1Co 13.11 Lorsque j'étais
enfant, je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant, je
raisonnais comme un enfant.
Devenu homme, j'ai mis fin à ce qui était propre à l'enfant. |
Ce qui est ici vrai de chaque personne et de
l’Eglise en général, est aussi vrai de cette petite partie de l’Eglise que
nous formons sur l’île de Ré. Ainsi, en particulier, c’est la Tradition, il
est du devoir et de l’obligation d’un nouveau curé, à la fois de découvrir
les traditions locales et de les faire évoluer vers plus de maturité. Je ne doute pas que vous saurez aider votre
nouveau curé, l’abbé Le Nezet dans cette mission évangélisatrice, avec
charité, compréhension, énergie et enthousiasme. |
Le pape Jean XXIII, convocateur du 2nd
Concile du Vatican, a été à
l’instrument d’un renouveau profond des traditions ecclésiales. Cela en a
perturbé plus d’un dans ses habitudes liturgiques… Un jour, l’un
d’eux l’interpelle. Saint Père,
vous n’aimez donc pas la Tradition ? Au contraire,
mon enfant, je l’aime tant que j’en invente tous les jours ! Dans l’Esprit Saint, la Tradition c’est de
changer les traditions. |