Homélie du dimanche 24 novembre 2024, Christ
Roi de l’Univers B
Le 24 décembre prochain à Rome :
ouverture de la Porte Sainte de St-Pierre ; début du grand jubilé sur le
thème « les pèlerins d’espérance ». Le précédant
jubilé avait eu lieu en 2016 sous le thème de la Miséricorde. Mais si
on se réfère à la règle des 25 ans, il nous faut regarder en fait celui de
2000 dont le chant phare résonne encore dans ma tête : Christ
hier, Christ aujourd'hui,
Christ hier, aujourd’hui, demain On n’est pas loin de la formule de
l’Apocalypse mais on s’en éloigne quant même un peu : Celui
qui est, qui était et qui vient |
Christ hier, aujourd’hui, demain L’insistance porte sur le temps. Logique
dans le cadre d’un jubilé lié au temps, aux années, siècles et même
millénaires : le grand jubilé de l’an 2000 ! Celui
qui est, qui était et qui vient Dans l’Apocalypse, l’insistance porte sur
l’être même de Celui qui parle. Son être et non pas son existence. Son être
éternel et intemporel et non pas son existence relative au temps. Cela est évidemment plus manifeste en
espagnol : "Aquel que es, que era y que va a venir"
utilisation du verbe ser et non pas du verbe estar. En fait, nous naviguons théologiquement continuellement
entre l’être éternel du Fils et son existence temporelle ce qui ne va pas
parfois sans ambigüité. |
Certains théologiens, dont je m’inspire
volontiers, distinguent dans leur vocabulaire l’être du Christ en fonction de
son état dans le temps. ·
Avant l’incarnation, je me limite
autant que possible aux vocables du Fils (éternel) et de 2nde
Personne (de la Trinité). ·
De son incarnation à sa mort sur la
croix, je privilégie le prénom de Jésus. ·
Prénom auquel j’ajoute ou substitue
le titre de Christ après sa résurrection d’entre les morts. C’est évidemment toujours la même Personne.
Son être éternel est sans changement ; mais en entrant dans l’existence,
son état change « jusqu’à la fin des temps ». |
Dans le CREDO, nous professons cette
évolution en Dieu. ·
La 1ère partie, même si
elle utilise le titre post-pascal de Jésus-Christ, concerne son être éternel. Ainsi lorsque
nous disons du Fils qu’il est « engendré, non pas créé » cela n’a
rien à voir avec un engendrement selon la chair, rien à voir avec son
enfantement par Marie. Selon la chair, Dieu ne peut pas engendrer. Hors du temps, indépendamment de la geste
créatrice de Dieu, l’être de Dieu est Père et Fils et Saint Esprit :
dans l’Esprit Saint, le Fils est l’éternel engendré du Père. Genitori
genitoque ·
La 2me partie du CREDO proclame la
venue grâce à l’Esprit saint du Fils en notre chair : son enfantement
par Marie. Il ne s’agit pas véritablement d’un engendrement, car ce n’est pas
un début dans l’être mais dans l’existence. Parler de Marie comme Mater
genitrix est à mon humble avis un abus de langage ; on devrait
plutôt se contenter de la dire Mater pariens… ·
Quant à la 3ème partie du
CREDO, elle concerne le rétablissement du Fils dans la gloire de son état
divin mais avec un plus dans l’ordre existentiel puisque il reste à jamais à
la fois vrai homme et vrai Dieu ce que manifeste la résurrection
corporelle de Jésus. |
C’est cette nouveauté existentielle dans
l’être de Dieu que professe la formule sibylline de l’Apocalypse : non pas Celui
qui est, qui était et qui sera mais bien Celui qui est qui était et qui vient |
Que l’Esprit Saint nous donne d’entrer
chaque jour un peu plus dans la compréhension d’un si grand mystère. Béni soit Dieu!
O Père, ô Fils, |