Homélie de la nuit de Noël, 24 décembre 2024 : de la mangeoire à l’autel

Et voici le signe qui vous est donné :
vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

 

Jésus est placé dans une mangeoire, préfiguration de sa vie donnée pour nous plus tard en nourriture.

D’ailleurs, à certaines époques l’emmaillotement du nouveau-né pouvait le faire ressembler à une paupiette bien ficelée.

Jésus vient au monde à Bethléem : littéralement en hébreu, la maison du pain.

et son berceau est une mangeoire, l’emplacement du fourrage.

 

Jésus est le Pain vivant descendu du ciel.

Il est le blé qui sera fauché, la gerbe de blé qui sera battue, le grain de blé qui sera moulu, la pâte longuement pétrie et finalement passée au feu avant que d’être consommé.

Jésus devient pour nous une vraie nourriture.

Jn6.32  "Je suis le pain de vie.

Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif.

 

Il est descendu du ciel pour se donner à nous et nous sauver.

la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.

Dieu ayant lui-même choisit de se manifester à nous et pour nous à travers la symbolique de la nourriture, ne doutons pas de l’importance de la lutte contre toutes les misères matérielles de ce monde à commencer par le combat contre la famine…

La figure du Pain aurait pu ne rester qu’une belle métaphore, une simple parabole.

Mais le salut que le Christ nous donne n’est pas théorique, il n’est pas une illusion repoussée au ciel, il n’est pas désincarné.

 

Et c’est pourquoi le Fils éternel du Père a voulu se faire véritablement l’un d’entre nous, assumer notre nature et ses limitations, s’incarner dans notre humanité.

Il a pris notre chair depuis l’inconsistance de sa conception jusqu’à la dérision de la mort, en passant par l’absurdité de nos souffrances…

Il s’est fait chair (et il a pris cher).

Lui, le Pain vivant descendu du ciel s’est fait chair, s’est fait viande d’abattoir par amour pour nous, est devenu l’Agneau immolé et consommé pour notre salut.

 

L’eucharistie est le mystère ultime de cette métamorphose du Pain Vivant en Agneau :

Jn6.51 le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde

 

Mc14.22  il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant :

"Prenez, ceci est mon corps."

 

En arabe, Bethléem, la Maison du Pain, s’appelle Beit Lahm, « Maison de la viande ».

Puisse ce glissement sémantique prophétique annoncer la conversion des uns et des autres au Messie Divin, Jésus.

La crèche est ici au pied de l’autel et là où ce n’est pas le cas, l’enfant Jésus est souvent pré-posé sur l’autel avant que d’être installé dans la mangeoire.

L’incarnation du Fils trouve son accomplissement dans l’eucharistie, i.e. dans le triple mystère de la Cène, de la Mort et de Résurrection du Christ Jésus.  

Dans l’Esprit Saint, la fête de la Nativité participe pour nous de la célébration de la joie pascale.

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »