Homélie du dimanche 12 janvier 2025, baptême du Seigneur C : une épiphanie de Dieu à Lui-même

A quel moment et sous quelle forme l’Esprit Saint est-il descendu sur Jésus à l’occasion de son baptême ?

L’iconographie nous a habitués à la représentation de l’Esprit Saint descendant sur Jésus sous l’apparence d’une colombe au moment même de son baptême par Jean : l’effusion de l’Esprit coïncidant avec l’infusion-immersion aqueuse.

 

Cependant, selon Mt et Mc, la descente de l’Esprit St sur Jésus eu lieu, non pas au moment même du baptême johannique, mais lorsque Jésus remonta des eaux.

Ce décalage temporel est encore plus net chez Lc, entendu aujourd’hui, puisqu’il est dit

après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.

La durée de la prière de Jésus n’est pas précisée…

Quant à Jn, il est encore plus flou.

 

Ce flou est logique dans la mesure où le baptême de JB ne donnait pas la grâce de l’Esprit Saint : c’était juste un baptême d’eau pour la conversion du pécheur et non un baptême dans l’Esprit Saint et le feu pour le pardon et le salut du pécheur.

La descente de l’Esprit St sur Jésus à l’occasion de son baptême par JB n’est pas une conséquence du dit baptême mais juste un évènement plus ou moins concomitant voulu par Dieu pour manifester son Fils.

Question : et dans notre baptême, le baptême chrétien, au nom de Jésus, y-a-t-il concomitance entre l’infusion et l’effusion ?

Oui et non. Car il y a parfois comme un décalage entre le don de Dieu et sa manifestation ; parfois longtemps après pour ne pas dire trop tard au ciel ; mais parfois aussi la manifestation  peut aller jusqu’à précéder le don sacramentel !

Ac 10 [47] "Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu l'Esprit Saint aussi bien que nous ?"

[48] Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus Christ

L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

La voix semble chez Lc ne s’adresser qu’à Jésus seul et il n’est pas précisé que quiconque mis à part Jésus ait vu ou entendu quoi que ce soit.

Chez Mt le message semble avoir certes une dimension plus publique : «  Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. 

Cependant Mt comme Mc précise que seul Jésus voit quelque chose : « il vit ».

 

Tout semble donc indiquer que le baptême de Jésus soit passé +/- inaperçu au milieu de tout le peuple (qui) se faisait baptiser.

Quant à l’effusion de l’Esprit St sur Jésus après son baptême et à l’occasion d’icelui, elle est plutôt décrite comme une expérience personnelle intime de Jésus :

l’autorévélation en Jésus de sa Filiation divine éternelle « Toi, tu es mon Fils bien-aimé »

 

Alors et alors seulement, et après avoir mené une vie en apparence toute humaine, dans l’effacement et la discrétion pendant plus de 30 ans, Jésus commença à se faire connaître, à révéler Dieu comme un Père et de manière surtout unique comme son Père.

Question : Jésus savait-il qu’il était Dieu ?

Sans doute ne l’a-t-il véritablement compris qu’à l’occasion de son baptême de l’effusion en lui du St Esprit.

Avant cela, il a voulu, en s’incarnant, connaitre totalement notre condition d’humains jusque dans l’absence apparente de Dieu dans nos vies ;

d’ailleurs, à l’heure de sa passion, Jésus semble à nouveau connaître ce sentiment de déréliction absolu face à la mort : Mt 27.46 ; Mc 15.34 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"

 Il nous a aimés jusque là…

Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.

 

Il n’est jamais trop tard en ce monde pour accueillir de manière concrète et efficace le don de l’Esprit Saint reçu sacramentellement lors de notre baptême.

Par adoption, par héritage, Il a fait de nous des enfants de Dieu en son Fils l’unique.

Puisse chacun d’entre nous entendre personnellement dans l’intime de tout son être la voix du Père lui redire :  

« Toi, tu es mon enfant  bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »