Homélie du dimanche 16 février 2025, 6ème TO C, béatitude éternelle

Le passage entendu en 1ère lecture et tiré du livre du prophète Jérémie 

Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel,
Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur,

pourrait avoir servi d’inspiration à Jésus dans son discours des béatitudes et malédictions tel que nous le rapporte Lc.

Avec cependant quelques différences notables.

 

Jérémie commence par la malédiction : c’est un prophète de malheur, le héraut des jérémiades…

 

Contemporain de la tentative de réforme religieuse du roi Josias, Jérémie verra ses successeurs s’éloigner à nouveau de l’Alliance avec Dieu.  Plutôt que de mettre leur foi en Dieu, les successeurs du roi Josias ont cru pouvoir compter sur l’aide et le pouvoir de pharaon pour résister à l’envahisseur. Erreur fatale.

Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel,

S’en suivra le siège de Jérusalem en 597 BC et la déportation d’une partie du peuple à Babylone puis la chute définitive de Jérusalem en 587…

Jérémie échappera à la déportation. Mais loin de se désintéresser du sort des déportés, Jérémie leur promet le salut et la fin de l’exil s’ils s’en reviennent de tout cœur vers le Seigneur.

Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur,

 

Le critère ultime de discernement de Jérémie est de l’ordre de la foi ;  

tandis que ses conséquences sont mondaines, matérielles, concrètes.

A l’époque de Jérémie, la foi en la vie éternelle par delà la mort n’était pas encore apparue.

Dieu, juste, ne pouvait donc que punir et récompenser concrètement en ce monde…

Jésus est le chantre de la Bonne Nouvelle. Il commence par des bénédictions…

« Heureux, vous les pauvres,
  Heureux, vous qui avez faim maintenant,
  Heureux, vous qui pleurez maintenant,
  Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent [.] à cause du Fils de l’homme.

4 bénédictions. Le chiffre 4 leur donnant une portée universelle.

4 bénédictions au contenu paradoxal : pauvreté, faim, souffrance et haine…

Thérèse de Jésus :

Un jour qu’elle s’était blessée à la jambe, elle dit à Jésus “Seigneur, après tant d’ennuis, il faut que celui-là m’arrive en supplément !” Jésus répondit “Thérèse, c’est ainsi que je traite mes amis !” Elle répondit “Pas étonnant que vous en ayez si peu !

Puis viennent comme en miroir 4 malédictions :

quel malheur pour vous, les riches,
    Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
    Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !

Cependant à bien y regarder, ce ne sont pas tant des malédictions que des constatations de malheur.

Le Dieu de Jésus Christ ne maudit pas ; il est le Dieu qui bénit et qui pleure sur ceux qui refuse son amour et font leur propre malheur.

 

Les critères de discernement de Jésus sont concrets, physiques et matériels ;

tandis que leurs conséquences sont d’ordre métaphysique et appartiennent au « royaume de Dieu ».

Avec la foi en la vie éternelle et en la résurrection d’entre les morts, disparait la nécessité de rétribution immanente : la justice divine devient eschatologique.

Je crains que le matérialisme effréné de notre société ne soit qu’un symptome de notre baisse de foi en la vie éternelle…

Si nous avons mis notre espoir dans le Christ
pour cette vie seulement,
nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts,
lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.

 

Dans l’Esprit Saint, plus que jamais, nous devons proclamer la vie éternelle manifestée pour nous en JC.