Jeudi saint, 17 avril 2025 : transsubstantiation

En ce soir où nous faisons mémoire de la Cène du Seigneur, il convient de nous pencher un peu sur le mystère de l’eucharistie et en particulier sur ce que nous entendons par transsubstantiation.

Or pour bien comprendre ce terme, il me semble que nous pouvons partir d’un autre usage liturgique d’un mot de la même famille dans le CREDO : lorsque nous proclamons que le Fils est consubstantiel au Père.

Qu’est-ce que Dieu ?

Dieu n’est évidemment pas quelque chose de matériel : il est pur esprit.

La substance de la divinité c’est,

non pas par nature puisque Dieu préexiste à la nature et en est lui-même l’origine dans sa geste créatrice,

la substance de la divinité c’est par essence d’être Un _ dxa hwhy, Tout-Puissant et Eternel.

 

Ainsi dire que le Fils est consubstantiel au Père revient à affirmer leur unicité tout en proclamant qu’ils sont 2 personnes distinctes. Proclamation que nous pouvons élargir à la personne de l’Esprit saint et nous disons donc croire en 1 seul Dieu en 3 Personnes, la Trinité sainte : 1 seul Dieu Père et Fils et Esprit.

 

Remarquez que même si  « Dieu est amour » selon l’affirmation johannique, l’amour n’est pas constitutif de la substance divine.

On pourrait très bien imaginer que Dieu ne soit pas un Dieu bon et soit même un Dieu trompeur…

Faudrait-il alors l’honorer ?

 

L’expérience nous montre que certains vouent un tel culte au pouvoir et à la puissance, qu’ils en viennent à servir aveuglément des dictateurs fous, pervers et parfois même génocidaires…

 

Réjouissons-nous alors que Dieu soit bon ! que librement, il est choisi d’aimer.

Et l’eucharistie ? la transsubstantiation ?

Comme le mot l’indique il s’agit de la transformation de la substance et non de la matière.

Matériellement parlant, physiquement parlant, naturellement parlant, les espèces du pain et du vin ne changent pas. Et pourtant, le pain consacré n’est plus du pain et le vin n’est plus du vin, ils sont transformés substantiellement en le Corps et le Sang du Christ.

« Ceci est mon corps,

dit Jésus et non pas ce pain est mon Corps.

Il ne vient pas cohabiter dans la matière avec la substance du pain.

 

On voit aussitôt la différence avec le mystère de son Incarnation dans la chair. En se faisant s’incarnant en Jésus, le Fils éternel du Père assumant la double substance divine et humaine, il devient vrai homme et vrai Dieu.

Or, dans l’eucharistie, seule demeure la substance du Christ, le pain n’est plus du pain.

« Ceci est mon corps » dit Jésus.

 

Notons qu’un certain nombre de nos frères protestants, imagine l’eucharistie sous le modèle de l’Incarnation non pas dans la chair mais en Marie et parle du mystère de l’eucharistie sous le mode de l’impanation. De même que le Fils éternel aurait transité par le corps de la Vierge Marie et en serait ressorti lors de son accouchement, de même, le Christ Jésus descendrait de manière transitoire lors de la Sainte Cène dans le pain et dans le vin, et, le rite de la communion achevée, se retirerait tout simplement des oblats non consommés.  

 

Nous, catholiques et orthodoxes, nous professons notre foi eucharistique en terme de transsubstantiation : une véritable transformation de la substance.

De fait Jésus étant substantiellement présent dans les oblats consacrés, et étant dans l’essence même de la substance divine d’être 1, unique et indivis, alors il est totalement présent dans chacun des oblats : communier à l’hostie ou à la coupe, c’est comme communier aux 2, c’est recevoir l’entièreté du Christ eucharistie.  

De même, est-ce le même et unique Corps du Christ auquel nous communions quelque soit le lieu ou le temps où l’eucharistie est célébrée : d’une certaine manière nous participons à l’unique sacrifice du Christ du jeudi saint à jamais actualisé pour nous.

Par ailleurs, la substance divine du Christ étant indivis, il est donc aussi totalement présent quelque soit la taille de l’hostie ou la quantité de vin consacrée, jusqu’à la plus petite miette de pain et l’ultime goutte de vin i.e. tant que subsiste la matérialité du pain ou du vin. Cette matérialité disparaissant ordinairement par digestion mais pouvant aussi disparaître par dilution, corruption.

 

Cependant, si on peut constater par exemple finalement que la miette de pain n’est plus que de la poussière (de rien du tout), on ne saurait dire à quel moment précis il cesse d’être matériellement du pain et donc substantiellement le Corps du Christ.

Le soin liturgique porté aux éventuelles parcelles d’est une sainte et respectueuse prudence envers ce qui, sinon est encore du moins fut, le Corps du Christ.      

C’est me semble-t-il  le même genre de sainte prudence et sacré respect, que nous devons avoir envers ce qui potentiellement sera, est ou fut, un être humain, depuis sa conception jusque par delà sa mort.

Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

 

L’eucharistie, mémorial à jamais pour nous de la mort et de la résurrection du Christ, est la plus belle manifestation de l’amour de Dieu pour nous.

En communiant à la substance même de Dieu dans l’eucharistie, demandons-lui la grâce de choisir librement avec lui de devenir nous aussi comme lui AMOUR.

 

C’est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. »