Dimanche 27 juillet 2025, 17ème TO
C : le cercle vertueux de la dette
Pardonne-nous nos péchés, car
nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers
nous. C’est sans doute à tort que la Traduction
liturgique insiste ici sur les torts dûs, absents du texte grec. BJ remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à
quiconque nous doit |
Nous sommes ici dans le cadre d’un échange
ou plutôt d’une remise de dette. Ce qui est encore plus net dans le parallèle
mathéen : Mt6.12 Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos
débiteurs. D’où d’ailleurs le texte latin de la Prière du Pater : dimítte nobis débita
nostra, sicut et nos dimíttimus debitóribus nostris où la cause de la dette
i.e. le péché n’est même plus mentionnée. Toujours est-il que dans le
NP, donné par Jésus à ses disciples, nous demandons à Dieu de nous pardonner
comme nous-mêmes pardonnons, or ce faisant, nous nous posons nous-mêmes comme
la mesure, la norme, de la miséricorde de Dieu. Nous demandons à Dieu d’être
à notre image au lieu d’être nous-mêmes à la sienne. C’est un peu problèmatique. Pour lever le dilemme, il
faut nous remetttre dans le contexte. Nous sommes du vivant de Jésus, avant
sa mort et sa résurrection, avant son sacrifice expiatoire pour nos péchés.
Dieu ne nous à pas encore pardonné. Ce n’est que lorsque Jésus,
portant en lui-même toute l’humanité, s’étant fait « péché pour nous » 2Co5.21, a pardonné sur la croix à ses
bourreaux que Dieu nous a alors pardonné comme lui. Comme le dit St Paul , Dieu vous a donné
la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Tout est accompli, le NP
est enfin exaucé. Il n’y a semble-t-il plus de raison de dire : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à
ceux qui nous ont offensés. |
Remarquez cependant que nous prions aussi tous
les jours avec des Psaumes qui ne reflètent pas toujours la saveur de la
Bonne Nouvelle en JC même si nous coupons généralement en français les
passages les plus choquants : Ps136 8-9 08 O
Babylone misérable, + heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus ; * 09 heureux qui saisira tes
enfants, pour les briser contre le roc !] Je me
souviens encore du jour où adolescent j’ai pour la 1ère fois
entendu « prier » ce passage horrible par la douce voix des
moniales de Maumont… |
Lorsque nous prions avec les Psaumes, comme
avec les Cantiques du Nouveau Testament ou avec le NP, il nous faut toujours
faire preuve d’intelligence et de sagesse, faire confiance à la Tradition de
l’Église en nous abandonnant à l’Esprit saint. S’agissant du NP, et de la formule Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous
ont offensés. Son usage dans la prière nous renvoie à la
prédication historique de Jésus et nous rattache à l’enseignement transmis
directement à ses disciples et apôtres. Le NP nous associe à l’unique sacrifice du
Christ par lequel nous avons été sauvés et nous rappelle que le Christ Jésus
est mort pour et à cause de nos péchés personnels à chacun par delà les
siècles. On peut aussi bien sûr, le dire avec les
mots reçus de la Tradition tout en en inversant spirituellement les termes
dans une compréhension pascale : « comme
tu nous à pardonné nos offenses que nous pardonnions aussi à ceux qui nous
ont offensés ». Demandant ainsi à être véritablement, nous, à l’image de Dieu
et pas l’inverse. |
Et ainsi, d’une manière ou d’une autre, est peut-être définitivement résolu le
problème de la dette… (mais je ne suis pas certain que cela soit
applicable à le dette de la France) |
En fait, et pour résoudre le dilemme du NP, on
pourrait aussi dire que c’est notre capacité ou non à remettre à quelqu’un sa
dette qui devient matière à salut ou à péché. C’est d’ailleurs me semble-t-il ce qu’illustre
en miroir la parabole du débiteur ingrat en Mt 18,27 Serviteur méchant, toute
cette somme que tu me devais, je t'en ai fait remise, parce que tu m'as
supplié ;[33] ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme
moi j'ai eu pitié de toi ? Invitation à nous investir spirituellement dans
le cercle vertueux de la dette : Nous sommes pardonnés comme nous pardonnons parce que pardonnés |