Dimanche 31 août 2025, 22ème TO C : une réalité palpable

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu,
    vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable [.] comme la montagne du Sinaï :
  Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste,

Notre démarche de foi n’est pas palpable ; elle n’est pas ponctuée en général de signes sensibles ou merveilleux ; elle a souvent l’aridité du désert et l’obscurité de la nuit mais elle annonce la source vive et l’aube pascale.

 

Comme chrétiens, et en particuliers comme catholiques, nous professons que la toute-puissance de Dieu  peut se manifester par delà les règles de sa propre création : Dieu peut faire des miracles !

Il en a fait dans l’histoire, que ce soit celle d’Israël ou celle de l’Église et au delà, il en a fait, il peut donc encore en faire aujourd’hui et demain.

Cependant, les miracles, du moins ceux qui transcendent en apparence les lois naturelles, ont de nos jours un aspect dérangeant ; dans notre société moderne reposant sur la science, son autonomie et sa permanence, les miracles « contre nature » soit prouvent la tricherie et la supercherie, soit forcent la foi - pour ne pas dire la crédulité – au mépris du bon sens et de notre raisonnable liberté.    

 

Fort heureusement, la plupart des miracles modernes sont affaires d’interprétation : ils laissent une place sinon au doute du moins à la liberté d’y adhérer ou non.

Pas étonnant non plus que le magistère de  notre mère l’Église soit très prudente voire elle-même réservée et suspicieuse à l’égard des miracles. D’ailleurs, si elle reconnaît le caractère miraculeux d’un évènement, elle n’en fait jamais un article de foi : on peut ainsi être un bon catholique sans croire aux apparitions de la Vierge à Lourdes tant, évidemment, qu’on en accepte la possibilité théorique.

Toujours est-il que selon la Bible c’est à la suite d’un certain nombre de miracles grandioses et palpables que le peuple hébreu a pu sortir d’Égypte et prendre possession d’une Terre promise tout aussi concrète. La foi juive est une foi palpable et la foi du peuple juif, descendants de Jacob-Israël, devient une réalité politique la terre d’Israël. Passage de la manifestation palpable de Dieu sur la montagne du Sinaï à la cité terrestre Jérusalem, capitale politique historique et religieuse d’Israël.

 

Nous chrétiens, nous sommes les disciples d’un Dieu qui n’a pas imposé sa loi en s’incarnant mais s’est dépouillé de lui-même jusqu’au martyre ; nous sommes les imitateurs de celui qui a dit :

 Jn18.36 "Mon royaume n'est pas de ce monde.

Ou encore Mt22.21 : "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu."

Jésus n’a pas manifesté d’ambition palpable ou politique.

Le christianisme n’est pas un projet politique mais apocalyptique (= qui manifeste les réalités divines  invisibles et impalpables).

Nous sommes «  venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête »

 

Notez qu’une religion qui aurait pour fondateur quelqu’un revendiquant l’autorité un prophète tout en agissant comme un soldat meurtrier conquérant et un chef politique, cette religion là aurait du mal à ne pas se concevoir autrement que dans une société théocratique, une dictature divine.

 

vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable,
embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï

 

ce feu nous l’avons reçu sur nous à la confirmation et non en ressentons peut-être parfois la brûlure de manière quasi palpable.

Puisse ce feu de l’amour de Dieu embraser le monde entier !